L'armée turque a indiqué lundi qu'elle disposait de certains éléments qui pourraient accréditer les accusations selon lesquelles un colonel aurait comploté pour discréditer le gouvernement islamo-conservateur.

Cette annonce fait suite à des révélations de la presse turque, selon lesquelles des experts militaires auraient confirmé l'authenticité de la signature du colonel Dursun Cicek, qui apparaîtrait sur un supposé plan de déstabilisation.

Dans une déclaration, l'état-major de l'armée affirme que les enquêteurs ont rassemblé «des éléments qui pourraient prouver l'existence du document en question», sans fournir plus de détails.

Le colonel Cicek a comparu lundi devant un tribunal militaire, mais les juges ont rejeté une demande de mise en détention à son encontre, en soulignant que l'enquête se poursuivait.

Le plan en question avait été publié en juin par le quotidien Taraf, provoquant de vives tensions entre le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir et l'armée turque qui se considère comme la gardienne de la laïcité. L'état-major avait alors immédiatement ordonné une enquête qui avait conclu que le document était un faux.

En octobre, Taraf, qui prend souvent l'armée pour cible, avait ensuite affirmé qu'un officier de l'état-major avait adressé le plan à des procureurs civils, provoquant une nouvelle enquête interne de l'armée sur le sujet. Selon le quotidien, le projet avait pour but de «briser le soutien populaire» dont bénéficie l'AKP et de créer des divisions parmi ses membres.

L'armée a récemment dénoncé une campagne de diffamation, conduite notamment, selon elle, par les médias pro-gouvernementaux à son encontre, selon laquelle elle tenterait de provoquer des désordres pour déstabiliser l'AKP.

La police turque a arrêté la semaine dernière quelque 70 militaires, à la retraite ou d'active, dans le cadre d'une enquête sur un complot supposé visant à semer le chaos pour préparer le terrain à un coup d'état militaire chassant du pouvoir le gouvernement du AKP.