L'explosion dans laquelle des enfants ont été blessés samedi alors qu'ils jouaient dans la neige sur le plateau syrien du Golan occupé par Israël met en lumière les risques pour une population civile vivant dans une zone parsemée de 2 000 champs de mines.

«Il y a quelque 2 000 champs de mines dans le Golan qui sont signalés et entourés de barrières s'étirant sur 1 300 kilomètres», a indiqué dimanche aux journalistes le colonel Eshkol Choukroun, commandant de cette région syrienne occupée depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967.

«Ce réseau, qui remonte en partie à l'époque de ce conflit, est régulièrement vérifié tout au long de l'année par une unité spéciale de Tsahal (l'armée israélienne). Mais la règle d'or est de ne jamais franchir les limites», a-t-il insisté.

Le colonel Choukroun précise que les mines à l'endroit où l'accident a eu lieu «ont été récemment posées, aux abords d'Avital, une position militaire» située à l'est du plateau en face des lignes syriennes.

Selon l'officier, les enfants venus jouer samedi dans la neige n'ont pas vu ou n'ont pas tenu compte du panneau jaune portant l'inscription «Danger mines» marqué d'un petit triangle de couleur rouge fixé sur des rouleaux de fils de fer barbelés.

L'une des victimes, un garçon de 12 ans, a dû être partiellement amputé d'un pied, et sa petite soeur, 11 ans, a été plus légèrement atteinte par des éclats.

Interrogé par l'AFP, Omer Weiner, responsable d'un kibboutz voisin, affirme avoir «perdu ces dernières années 25 têtes de bétail, qui ont sauté sur des mines».

Il accuse en outre les touristes qui affluent en grand nombre dans cette région de saccager les barrières et de s'aventurer parfois dans des zones dangereuses. «Malheureusement certains ne se conduisent pas toujours de façon responsable», souligne-t-il.

Interviewé à la radio militaire, Dayan Orr, responsable de l'ONG anti-mines «Israel Nekiat Mokshim», regrette pour sa part qu'Israël n'ait toujours pas adhéré à la Convention d'Ottawa (1997), interdisant l'utilisation ou la fabrication de mines antipersonnel.

«Pas moins de 156 pays ont signé ce texte et se sont engagés à nettoyer leurs champs de mines. Tous ont compris qu'ils ne constituent plus une arme efficace, et les responsables de Tsahal sont depuis longtemps parvenus à la même conclusion», souligne-t-il.

Selon lui, «les champs de mines situés notamment en Samarie (nom biblique du nord de la Cisjordanie), dans l'Arava (sud d'Israël) et sur le Golan ont été soigneusement répertoriés et cartographiés».

Il estime à environ 250 000 le nombre des mines enterrées le long des frontières d'Israël, et assure qu'elles pourraient être neutralisées «en quelques semaines» si le gouvernement prenait une décision en ce sens.

Selon l'ONU, l'armée israélienne a laissé derrière elle quelque 400 000 mines antipersonnel dans le sud du Liban après son retrait unilatéral de la région en mai 2005.

L'ONU a par la suite accusé l'Etat hébreu d'avoir eu recours à d'autres mines antipersonnel, de fabrication israélienne, durant son offensive au Liban contre le Hezbollah à l'été 2006.

Sur le front diplomatique, les négociations de paix avec la Syrie qui exige la restitution du Golan sont gelées depuis plus d'un an et les deux pays se sont livrés ces derniers jours à des joutes verbales belliqueuses.