Cloches et sirènes ont résonné dans tout l'Iran lundi matin pour marquer l'anniversaire du retour d'exil de l'Ayatollah Ruhollah Khomeiny qui allait déclencher la révolution islamique de 1979, alors que le régime traverse l'une des pires crises politiques de son histoire.

Toutes les cloches des écoles, sirènes des villes, des usines, des trains ou des bateaux ont retenti à 9H33 précises (1H03 HAE), heure à laquelle l'avion d'Air France ramenant l'ayatollah Khomeiny de 15 ans d'exil en Irak puis à Neauphle-le-Château, près de Paris, avait touché la piste de l'aéroport de Téhéran-Mehrabad le 1er février 1979.

Deux heures plus tard, le charismatique leader religieux, âgé de 76 ans, annonçait son intention de créer un nouveau régime, lors de son premier discours prononcé au «cimetière des martyrs» de Behecht-e-Zahra, au sud de Téhéran, où il s'était rendu dès son arrivée pour saluer la mémoire des victimes de la répression du Chah.

Cet hommage traditionnel au fondateur de la République islamique qui a dirigé l'Iran pendant dix ans jusqu'à sa mort en 1989, a donné le coup d'envoi de nombreuses commémorations officielles culminant avec des rassemblements dans tout le pays le 11 février, date du renversement du régime impérial.

Cette «décade de l'aube», selon la terminologie officielle, s'est ouverte lundi matin par une cérémonie sous haute surveillance au cimetière de Behecht-e-Zahra.

Lors de cette cérémonie à laquelle assistaient essentiellement des militaires et des veuves ou mères de «martyrs» en tchador noir, l'ancien président du Parlement Gholam Ali Haddad Adel, conseiller du Guide de la République islamique Ali Khamenei, a affirmé que les Iraniens «demeurent attachés aux engagements pris il y a 31 ans».

«Ils disent aux tyrans qu'ils vont poursuivre de toutes leurs forces la défense de la révolution», a-t-il affirmé sous les cris traditionnels de «mort à Israël» et «mort à l'Amérique».

Un peu plus tôt, plusieurs hauts responsables, dont le président Mahmoud Ahmadinejad, s'étaient recueillis sur la tombe de l'Imam Khomeiny, dans le monumental mausolée construit à proximité du «cimetière des martyrs».

Ce 31e anniversaire de la Révolution islamique intervient alors que le régime traverse l'une des pires crises politiques de son histoire depuis la réélection du président Ahmadinejad en juin.

Une partie de l'opposition interne au régime conteste toujours la régularité de cette élection et a multiplié à chaque occasion depuis huit mois les manifestations parfois violentes.

Une répression sévère, qui a fait des dizaines de morts, des centaines de blessés et des milliers d'arrestations, n'est pas parvenue jusqu'à présent à enrayer ce mouvement de protestation, qui s'est encore manifesté par des émeutes à Téhéran et dans plusieurs villes le 27 décembre, à l'occasion du jour de deuil chiite d'Achoura.

Manifestations le 11 février

Trois des principales figures de l'opposition réformatrice, l'ancien président Mohammad Khatami, l'ancien premier ministre Mir Hossein Moussavi et l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, ont implicitement appelé leurs partisans à descendre dans la rue le 11 février en réclamant une «participation massive de la population» aux rassemblements officiels prévus ce jour-là.

«Nous sommes aussi des défenseurs de la révolution», a affirmé lundi M. Khatami, soulignant que «les gens ont le droit de protester».

Evoquant allusivement ces appels, le président Ahmadinejad a affirmé, lundi être «certain que le peuple iranien décevra, le 11 février, les ennemis» de la République islamique.

Les autorités, qui ont exécuté la semaine dernière deux opposants monarchistes accusés d'avoir voulu renverser le régime, ont averti qu'elles ne tolèreraient aucune manifestation de l'opposition ce jour là.