Si la communauté internationale ne l'aide pas à reconstruire son économie, et à lutter contre le terrorisme et ses conflits intérieurs, le Yémen risque de devenir un nouveau repaire pour Al-Qasda, ont mis en garde mercredi les participants à une conférence internationale à Londres.

Des représentants du Proche-Orient, des États-Unis, de l'Europe et de la Russie, ainsi que du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale étaient réunis mercredi dans la capitale britannique pour débattre des moyens de lutter contre la présence d'Al-Qaeda au Yémen, mise en lumière notamment par l'attentat manqué du 25 décembre sur un vol Amsterdam-Detroit.

Dans une déclaration conjointe, ils ont noté que les difficultés du Yémen en matière d'économie et de sécurité risquaient de menacer la stabilité de la péninsule arabe dans son ensemble. «Les défis augmentent au Yémen et, si on ne s'en occupe pas, ils risquent de menacer la stabilité du pays et de la région», ont-ils déclaré.

La secrétaire d'Etat Hillary Rodham Clinton a estimé que l'instabilité au Yémen représentait «une priorité nationale urgente en matière de sécurité» pour les États-Unis et d'autres pays du monde. Elle a appelé à de profondes réformes économiques et politiques dans ce pays afin de faire reculer la pauvreté, la faim, la soif, et l'illettrisme.

«Pour aider le peuple yéménite, nous -la communauté internationale- devons faire plus», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse au sortir des débats. «Le gouvernement du Yémen aussi, doit faire plus. Cela doit être un partenariat si nous voulons une issue heureuse».

Les participants n'ont pas débloqué de fonds nouveaux pour le Yémen, mais sont convenus de la création d'un nouvel organisme -les Amis du Yémen- regroupant le Conseil de coopération du Golfe, le G-8 et des pays voisins. Il sera chargé d'aider le gouvernement de Sanaa à dépenser de manière judicieuse les cinq milliards de dollars (environ 3,5 milliards d'euros) d'aide internationale reçus en 2006, dont la majeure partie dort toujours dans les caisses de l'État.

De plus, le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a indiqué que le Conseil de coopération du Golfe tiendrait une réunion sur le Yémen à Riyad, en Arabie saoudite, les 22 et 23 février.

La déclaration finale de la conférence invite par ailleurs Sanaa à trouver un accord de paix avec la rébellion chiite Hawthi qui sévit dans le nord du Yémen, afin de consacrer ses forces et ressources à la lutte contre les musulmans sunnites d'Al-Qaeda.

Jusqu'ici, le Yémen a résisté aux exigences étrangères en matière de réformes et a refusé toute ingérence dans la résolution de ses conflits intérieurs. La déclaration indique toutefois que le gouvernement du Premier ministre yéménite Ali Mohammed Mujur «reconnaît le besoin urgent de s'occuper de ces sujets, qui nécessiteront un engagement durable et déterminé».

L'attention des États-Unis et de la communauté internationale s'est portée sur le Yémen depuis la tentative d'attentat contre un vol de la Northwest Airlines le jour de Noël. L'homme qui voulait faire exploser l'avion, un Nigérian de 23 ans, avait séjourné au Yémen où il a rencontré un imam radical, et a dit avoir agi au nom d'Al-Qaeda.

Les services de renseignements américains s'inquiètent de la capacité d'Al-Qaeda d'opérer quasi librement depuis le Yémen. Washington a récemment annoncé le doublement de son aide pour permettre au gouvernement, qui n'a que peu de contrôle sur certaines régions du pays, de lutter contre le terrorisme. Les soldats et les agences de renseignements américains participent également à des opérations militaires conjointes avec les troupes yéménites dans la lutte contre les terroristes.