Le Yémen a estimé jeudi qu'une intervention militaire américaine sur son sol «pourrait renforcer» Al-Qaeda, mais a demandé l'aide logistique des pays occidentaux, dont les États-Unis, pour lutter contre le réseau qui a revendiqué l'attentat manqué de Noël.

«Une intervention directe des États-Unis pourrait renforcer le réseau d'Al-Qaeda et non l'affaiblir», a déclaré à la presse le vice-premier ministre aux Affaires de la défense et de la sécurité, Rached al-Alimi. Il a cependant appelé les pays occidentaux, dont les États-Unis, à apporter une aide en matériel et en formation dans sa guerre contre Al-Qaeda, bien implanté dans l'est du Yémen.

Des médias américains avaient fait état d'une participation américaine aux raids lancés par les forces yéménites contre des positions d'Al-Qaeda les 17 et 24 décembre et qui s'étaient soldées par la mort de plus de 60 islamistes extrémistes dans le centre et l'est du Yémen.

«Notre position politique est claire: nous allons combattre et traquer le réseau d'Al-Qaeda par nos propres moyens», a insisté M. Alimi.

Mais, a-t-il ajouté, «Al-Qaeda étant une organisation mondiale qui menace la stabilité internationale, il faut qu'il y ait une coopération avec tous les pays du monde, et en premier lieu les États-Unis».

«Ce que nous demandons aux États-Unis, c'est une assistance en matière de formation et des armes pour les unités de lutte contre le terrorisme», a-t-il dit, faisant état d'«un échange de renseignement» avec les États-Unis «ainsi qu'avec l'Arabie saoudite», pays voisin du Yémen.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Abou Bakr Al-Kourbi, a affirmé, dans une déclaration de presse, que son pays refusait la participation de forces étrangères à la lutte contre Al-Qaeda.

La Grande-Bretagne et les États-Unis avaient annoncé qu'ils allaient renforcer leur action contre le terrorisme au Yémen et en Somalie à la suite de l'attentat suicide manqué du 25 décembre sur un avion américain.

Dimanche, le conseiller antiterroriste du président américain Barack Obama, John Brennan, avait annoncé que Washington n'avait pas l'intention d'ouvrir au Yémen un «deuxième front» dans la guerre contre le terrorisme, ni d'y déployer des troupes «pour le moment», assurant toutefois que les États-Unis allaient «anéantir» Al-Qaeda.

Par ailleurs, M. Alimi a indiqué que l'auteur de l'attentat manqué, le Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, avait rencontré lors de son séjour au Yémen l'imam radical Anwar al-Aulaqi, dont les autorités ont perdu la trace après les raids de décembre sur les positions d'Al-Qaeda.

«Le Nigérian s'était caché à Wadi Rafadh (dans la province de) Chabwa (est) et a rencontré Aulaqi», a-t-il dit. Selon lui, le Nigérian a aussi rencontré dans la province de Chabwa Mohammad Oumir, l'un des chefs d'Al-Qaeda, tué dans un raid aérien du 24 décembre.

Le Nigérian avait séjourné d'août à décembre au Yémen, qu'il avait quitté peu avant l'attentat manqué sur le vol Amsterdam/Détroit.

M. Brennan avait affirmé dimanche qu'Aulaqi serait lié à l'attentat raté de Noël ainsi qu'à la fusillade de la base militaire américaine de Fort Hood (Texas) en novembre qui a fait 13 morts et 42 blessés.

D'un autre côté, M. Alimi a voulu accréditer la thèse d'une collaboration entre Al-Qaeda et les rebelles chiites dans le nord du pays, en affirmant qu'il y a eu «un partage des tâches» entre eux dans l'enlèvement d'Européens.

Selon lui, cinq Allemands, dont trois enfants, et un adulte britannique, enlevés il y a environ six mois au Yémen sont toujours en vie. Les enfants seraient détenus à Marib, un fief d'Al-Qaeda, et les adultes soigneraient sous la contrainte dans le Nord les combattants rebelles, a-t-il affirmé.

Les rebelles ont toujours nié tout lien avec Al-Qaeda.