Deux des cerveaux d'un attentat contre la communauté turcomane en juin ont été recrutés par l'organisation Al-Qaeda lors de leur détention dans la prison américaine de Bucca, dans le sud de l'Irak, a affirmé jeudi un haut responsable de la police irakienne.

Les deux membres d'Al-Qaeda, Adnane Jassem Ali al-Hamdani et Hawas Falah al-Joubouri, ont été condamnés à mort mardi pour l'organisation de l'attentat à Taza, qui, selon un bilan fourni par la police, a fait 88 morts et 265 blessés. «Les condamnés ont été recrutés par l'organisation terroriste pendant la période de leur détention dans la prison de Bucca», près de Bassora, a affirmé Ahmed Abou Rarif, un haut responsable de la police lors d'une conférence de presse à Bagdad.

La prison de Bucca fut administrée par l'armée américaine de 2003 au 16 septembre 2009, date de sa fermeture.

Selon le responsable de la police, Hawas Falah al-Joubouri, chargé des opérations militaires d'Al-Qaeda dans les provinces de Kirkouk et Ninive, a été détenu pendant quatre ans dans ce centre de détention.

Dans un enregistrement video présenté comme celui des confessions des deux condamnés à mort, al-Joubouri affirme: «J'ai été recruté en 2008 par un des émirs (commandants) d'Al-Qaeda qui était détenu à Bucca».

«J'ai travaillé avec de nombreux émirs à Mossoul et Tikrit et j'ai ensuite reçu le titre de responsable militaire pour les deux provinces», ajoute-t-il.

«J'étais ami de Hawas, nous étions ensemble à Bucca. Je suis entré dans l'organisation d'Al-Qaeda pendant mon séjour en prison», reconnaît de son côté al-Hamdani dans l'enregistrement.

Des anciens détenus de Bucca et des sources au sein du ministère irakien de l'Intérieur avaient révélé à la mi-novembre à l'AFP que Bucca, où près de 100 000 détenus ont transité en six ans, s'était révélé être un formidable vivier pour Al-Qaeda.

Les deux kamikazes ainsi que la majorité des suspects arrêtés après un double attentat le 19 août contre les ministères des Affaires étrangères et des Finances (95 morts) avaient été relâchés peu auparavant de Bucca, avait confié un haut responsable du ministère de l'Intérieur.

L'armée américaine a vivement contesté que ses centres de détention aient été des centres de recrutement d'Al-Qaeda.

«Je suis complètement en désaccord avec l'idée qu'il a existé une importante radicalisation dans nos centres. Beaucoup de ces types étaient extrémistes avant de venir chez nous», avait affirmé fin novembre à l'AFP le général David Quantock, chef de la Task Force 134 qui supervise les centres de détention américains en Irak.