L'Iran a procédé mercredi à un nouveau test de son missile balistique Sejil-2 capable de frapper Israël, un geste condamné par plusieurs capitales occidentales alors que la République islamique est menacée de nouvelles sanctions internationales pour sa politique nucléaire.

Ces tests «ne font que saper les affirmations de l'Iran que ses intentions sont pacifiques», a affirmé la Maison-Blanche. Paris a parlé d'«un très mauvais signal adressé à la communauté internationale», Berlin a jugé «préoccupant» ce nouveau tir et Londres a évoqué la «profonde inquiétude» des pays occidentaux. «Cela plaide en faveur d'une nouvelle avancée vers des sanctions» contre l'Iran, a estimé le premier ministre britannique Gordon Brown, affirmant que cette inquiétude était partagée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Le tir «réussi» a été annoncé par la télévision d'État, qui n'a montré que des images de la mise à feu et du décollage du missile.

L'engin, a précisé la télévision, est une version «améliorée» du Sejil-2 dont la mise au point avait été annoncée en septembre par le commandant des forces aériennes des Gardiens de la révolution, le général Hossein Salami.

La portée du Sejil-2, estimée entre 2 000 et 2 500 km, lui permet théoriquement d'atteindre Israël, ennemi proclamé de la République islamique, mais aussi tous ses voisins arabes, turcs, russes ou pakistanais.

Ce missile balistique à deux étages, déjà testé avec succès par l'Iran en mai et septembre derniers, est «la meilleure arme dont disposent les forces armées iraniennes», selon le général Salami.

Selon les experts étrangers, il utilise du combustible solide, ce qui le rend plus difficile à détecter avant son lancement.

Sa haute vélocité lors de la rentrée dans l'atmosphère le rend aussi «impossible à détruire par des missiles anti-missiles», a affirmé mercredi le ministre de la Défense iranien Ahmad Vahidi.

Le tir est intervenu alors que Téhéran est soumis à une pression croissante de la part de la communauté internationale, qui craint que la République islamique cherche à se doter de l'arme nucléaire en dépit de ses dénégations répétées.

L'Iran a été condamné fin novembre par l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) pour avoir notamment dissimulé pendant plusieurs mois la construction d'une deuxième usine d'enrichissement d'uranium.

Signe de l'isolement croissant de la République islamique sur le dossier nucléaire, cette condamnation ouvrant la voie à de nouvelles sanctions internationales contre Téhéran a été votée par la Russie et la Chine, deux pays pourtant traditionnellement sensibles aux thèses iraniennes.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a répliqué en annonçant la construction d'une dizaine d'usines d'enrichissement d'uranium supplémentaires, une initiative accueillie comme une provocation par les Occidentaux qui ont agité la menace de nouvelles sanctions dès le début de 2010.

L'Iran est «hostile à la bombe atomique» et n'en a «pas besoin pour se défendre», a répété M. Ahmadinejad dans une interview à la télévision danoise dont l'agence officielle Irna a publié des extraits mercredi.

«Nous pensons que l'arme atomique est la plus inhumaine des armes (...). Il est vrai que nous avons beaucoup d'ennemis, mais nous n'avons pas besoin d'arme atomique pour nous défendre», a-t-il affirmé.

L'Iran a mené le mois dernier des exercices militaires anti-aériens très médiatisés autour de la protection des sites nucléaires du pays, mettant en garde contre toute attaque israélienne ou américaine. Ces deux pays n'ont jamais exclu formellement l'option militaire contre le programme nucléaire iranien.

Téhéran répondrait en visant les sites nucléaires et les usines d'armement israéliennes, a averti cette semaine le ministre iranien de la Défense.