L'Iran a annoncé dimanche qu'il projetait de construire dix nouvelles usines d'enrichissement d'uranium et de produire de l'uranium enrichi à 20%, suscitant de nouvelles inquiétudes dans la communauté internationale.

Ces annonces surviennent après une résolution adoptée vendredi par l'Agence internationale de l'énergie atomique condamnant Téhéran sur son programme nucléaire controversé.

Le gouvernement du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad a ordonné dimanche le lancement de la construction sur cinq sites déjà choisis pour des usines d'enrichissement d'uranium et de commencer à chercher des sites pour cinq autres usines, selon les médias officiels.

L'Iran projette de produire 20 000 mégawatts d'énergie nucléaire générée grâce à ces nouvelles usines, qui seraient de la même taille que celle de Natanz (centre).

«Pour produire 20 000 mégawatts nous aurions besoin de 500 000 centrifugeuses avec la capacité actuelle. Mais nous avons conçu de nouvelles centrifugeuses d'une capacité supérieure», a dit M. Ahmadinejad.

«Nous devons atteindre le niveau pour produire entre 250 et 300 tonnes de combustible par an dans le pays», a-t-il ajouté.

Le chef de l'Agence iranienne de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi, a indiqué que cette décision était «une réponse ferme à la mesure scandaleuse du 5+1 (six grandes puissances) lors de la dernière réunion de l'AIEA».

«Nous sommes attachés à nos droits comme à nos obligations internationales», a-t-il affirmé.

Chaque usine pourra «produire du combustible pour une centrale nucléaire comparable à celle de Bouchehr», a-t-il précisé, en référence à la centrale de 1.000 mégawatts en construction dans le sud du pays.

Il a ajouté que ces usines seraient construites «au coeur des montagnes» et «dans plusieurs endroits en Iran (...) pour prendre en compte leur sécurité en cas d'attaque».

Depuis le début de la crise, les Etats-Unis et Israël n'ont pas écarté la possibilité d'une action militaire contre Téhéran.

Au Parlement, 226 députés sur 290 ont cosigné une lettre réclamant du gouvernement «un plan rapide visant à réduire le niveau de coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique».

Dans sa résolution, l'AIEA demande notamment la «suspension» de la construction du nouveau site d'enrichissement de Fordo (centre), dont l'existence n'a été révélée qu'en septembre.

Dans leur lettre, les députés accusent l'AIEA de pratiquer une politique «de deux poids, deux mesures» et accusent le président américain Barack Obama de «suivre le même chemin» que son prédécesseur George W. Bush.

La résolution de l'AIEA fait suite au rejet par l'Iran d'une offre visant à échanger son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre du combustible nucléaire (uranium enrichi à 20%) pour son réacteur de recherche médical de Téhéran.

L'uranium iranien aurait été envoyé en Russie puis en France avant de revenir sous forme de combustible. Mais l'Iran veut plus de garanties et a demandé un échange simultané sur son territoire, ce que l'AIEA a refusé.

Dimanche, le président Ahmadinejad a également annoncé que l'Iran pourrait commencer à produire de l'uranium enrichi à 20%.

«Nous allons étudier la possibilité de produire de l'uranium enrichi à 20% lors de la réunion du gouvernement mercredi», a-t-il dit.

Réactions internationales: le temps presse

Réagissant aux annonces de Téhéran, la Maison Blanche a prévenu que «le temps presse pour que l'Iran réponde aux inquiétudes grandissantes de la communauté internationale sur son programme nucléaire».

Berlin et Londres, également engagées dans les négociations avec Téhéran, ont aussi fait part de leur «préoccupation» et demandé à l'Iran de remplir ses obligations.

Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de cacher un programme nucléaire militaire, alors que Téhéran assure que son programme est purement civil.