Les talibans afghans ont promis jeudi, au lendemain d'une sanglante attaque contre l'ONU, d'intensifier leurs attaques d'ici au second tour de l'élection présidentielle prévu le 7 novembre, tandis que les autorités afghanes tentaient d'apaiser les craintes à ce sujet.

Trois kamikazes ont attaqué mercredi une maison d'hôtes de Kaboul abritant des employés expatriés de l'ONU, en tuant au moins cinq, ainsi que deux policiers. Un autre corps carbonisé doit être identifié.

Cette action au centre de la capitale, la sixième depuis mi-août dans une des zones les plus sécurisées d'Afghanistan, fait craindre d'autres attaques contre des étrangers d'ici au second tour de l'élection.

Les Nations unies étaient d'ailleurs occupées jeudi à réviser leurs mesures de sécurité à Kaboul. Un responsable de l'ONU a déclaré que le personnel avait reçu pour consigne de limiter ses déplacements aux trajets domicile-bureau.

Plusieurs autres institutions internationales ont renforcé leur sécurité, comme la représentation locale de l'Union européenne, et les ambassades ont diffusé des consignes de prudence à leurs ressortissants.

Les Afghans, constatant l'incapacité des forces de sécurité à les protéger, pourraient, au second tour, s'abstenir encore plus qu'au premier tour du 20 août, déjà marqué par une faible participation (38,7%), des violences et des fraudes massives.

Agents électoraux renvoyés, plus d'observateurs acceptés dans les bureaux de vote, attention particulière dans les zones où les irrégularités ont été importantes, «nous allons faire de notre mieux (...) pour avoir une élection transparente et sans fraudes», a assuré jeudi Zakaria Barakzaï, un membre de la Commission électorale indépendante (IEC) chargée de l'organisation du scrutin.

Le second tour opposera le président sortant Hamid Karzaï, donné favori, à son ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah.

«Nous allons intensifier nos attaques dans les prochains jours. Nous allons perturber les élections, nous avons de nouveaux plans», a déclaré jeudi un porte-parole des talibans, Yousuf Ahmadi.

Les mesures de sécurité pour le scrutin «ne seront pas efficaces contre nos opérations et nos tactiques», a affirmé M. Ahmadi.

Le ministère de la Défense avait auparavant assuré que les attaques des insurgés seraient moins nombreuses au second tour.

Au premier tour, «l'ennemi s'était préparé pendant des mois avec du soutien venu de l'étranger, allouant beaucoup d'argent pour perturber les élections selon une stratégie bien planifiée», a déclaré le porte-parole du ministère, Mohammad Zahir Azimi.

Mais «cette fois, ils n'ont pas eu autant de temps pour préparer une campagne d'attaques, et les talibans pakistanais», qui aident leurs homologues afghans, «sont occupés à se battre au Pakistan», où l'armée mène une vaste offensive dans le Waziristan du Sud, a-t-il ajouté.

Parallèlement, la communauté internationale insiste sur le fait que ce drame n'empêchera pas la tenue du second tour.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a de son côté promis que son organisation poursuivrait son action en Afghanistan.

Les Etats-Unis ont dénoncé «des tentatives de certains de contrecarrer la volonté du peuple afghan de choisir son prochain gouvernement», ajoutant que «cela ne réussira pas».

Le président américain Barack Obama a de son côté assisté dans la nuit de mercredi à jeudi sur la base aérienne de Dover (Delaware, est) au rapatriement des corps de 18 Américains tués cette semaine en Afghanistan.

Il a indiqué à cette occasion que le nombre de soldats américains morts au combat, qui ne cesse de grimper en Afghanistan, pèserait sur ses décisions militaires, au moment où il est appelé à décider sous peu de l'envoi ou non de renforts américains dans ce pays.