Téhéran a reporté vendredi à la semaine prochaine sa réponse à l'offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de faire enrichir à l'étranger les trois quarts de son uranium à usage civil.

Selon l'AIEA, l'Iran a indiqué au directeur général de l'agence onusienne, Mohamed ElBaradei, «étudier la proposition dans le détail et dans un esprit favorable, mais qu'il lui fallait encore du temps jusqu'au milieu de la semaine prochaine pour apporter sa réponse».

Moscou, Paris et Washington avaient approuvé dans la journée le projet d'accord formulé par M. ElBaradei. Celui-ci attendait une réponse des quatre pays pour vendredi minuit (18H00 HAE).

Les États-Unis ont rapidement indiqué qu'ils pouvaient «attendre quelques jours» la réponse de l'Iran. «Mais nous n'allons pas attendre éternellement», a dit le porte-parole du département d'État, Ian Kelly.

À quelques heures de l'expiration du délai, l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Ashgar Soltanieh, cité par la télévision d'État iranienne Press TV, avait déclaré: «L'Iran examine en détail les différents aspects de l'accord proposé sur la livraison provisoire de combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran».

«Après une évaluation finale, je transmettrai le résultat à M. ElBaradei lorsque je retournerai à Vienne la semaine prochaine», avait-il ajouté.

«Il ne faut pas qu'il y ait un malentendu. Il n'y avait pas de véritable délai fixé», a ensuite dit M. Soltanieh à la télévision d'État. «Nous avons fait une proposition pour obtenir les garanties nécessaires en vue d'une application stricte de l'accord», a-t-il ajouté.

Une source iranienne non identifiée proche des négociateurs iraniens à Vienne avait affirmé dans la journée que l'Iran préférait acheter le combustible pour son réacteur nucléaire de recherche et qu'il attendait une réponse des grandes puissances à cette proposition.

Un accord entre l'Iran et les puissances nucléaires est considéré comme crucial pour apaiser les tensions sur le programme nucléaire iranien, purement civil d'après le régime islamique mais que les pays occidentaux suspectent de pouvoir viser la fabrication d'une bombe atomique.

Dans une interview publié vendredi par le site Internet de l'hebdomadaire français l'Express M. ElBaradei a souligné «si nous obtenons cet accord, tout deviendra possible. À terme, l'Iran pourrait (...) exercer une influence positive en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Liban, dans les territoires palestiniens».

Les modalités techniques du projet d'accord prévoient que l'Iran livre d'ici la fin 2009 1200 des 1500 kg d'uranium iranien enrichi à moins de 5% -- malgré l'opposition du Conseil de sécurité de l'ONU -- pour le faire enrichir à 19,75% en Russie et de sous-traiter ensuite cet uranium à la France pour en faire des «coeurs nucléaires» pour le réacteur de recherche de Téhéran.

La Russie jouerait donc un rôle-clé dans le processus et la France, afin de tenir compte de l'hostilité de l'Iran à la participation directe de Paris dans le processus, n'apparaîtrait qu'en second rideau.

Les pourparlers avec l'Iran avaient repris le 1er octobre à Genève, après 15 mois sans contact direct, avec le groupe des Six (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne). C'est à cette occasion qu'avaient été décidées les discussions à quatre à Vienne sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien par des pays tiers.