Le mois d'août a été le plus sanglant en Irak depuis plus d'un an, marquant une nette dégradation de la sécurité et un défi pour le premier ministre Nouri al-Maliki qui se veut le champion du retour au calme.

Cette détérioration inquiète également l'armée américaine qui s'est retirée des villes fin juin, prélude au désengagement de ses troupes de combat en août 2010 puis un retrait total fin 2011. Selon les chiffres fournis par les ministères de la Défense, de l'Intérieur et de la Santé, 393 civils, 48 policiers et 15 soldats ont été tués. Par ailleurs, 1741 personnes ont été blessées.

La hausse du bilan des victimes en août est due aux attentats suicide dévastateurs commis le 19 août à Bagdad contre les ministères des Affaires étrangères et des Finances qui ont fait 95 morts et plus de 600 blessés.

Ce bilan mensuel est le plus élevé depuis juillet 2008, au cours duquel 465 personnes avaient trouvé la mort. En juillet 2009, il avait nettement diminué avec 275 morts

Contrastant avec ces chiffres, le nombre de soldats américains tués en août est le plus bas depuis l'invasion américaine du pays en 2003 avec sept militaires morts, selon le site indépendant icasualties.

Ces attaques, au coeur de Bagdad contre des symboles du pouvoir, ont révélé des failles chez les forces armées irakiennes, dont les autorités n'avaient de cesse de louer leur préparation pour protéger le pays depuis fin juin.

Après ces attentats, le ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari avait brisé le consensus général et affirmé que la sécurité s'était gravement détériorée, accusant certains éléments des services de sécurité de collusion avec les insurgés.

«Nous devons dire la vérité. La sécurité s'est réellement détériorée ces deux derniers mois et se détériorera plus encore», avait indiqué le ministre, prenant le contre-pied des déclarations optimistes de M. Maliki.

Selon des aveux de suspects présentés par les autorités irakiennes, les auteurs des attentats étaient parvenus à passer des points de contrôle malgré l'interdiction faite aux camions de plus de deux tonnes de circuler dans la capitale irakienne.

Cette détérioration de la sécurité représente un défi pour le premier ministre, qui avait fait de l'amélioration de la sécurité un de ses principaux arguments de campagne pour les prochaines élections législatives de janvier.

Il a joué son va-tout en décidant de rompre l'alliance chiite sacrée qui avait remporté les élections législatives de 2005 et décidé de créer sa propre coalition formée de chefs tribaux sunnites, d'indépendants et de laïcs.

L'armée américaine avait elle reconnu une «défaillance du système de sécurité». «Ils cherchent à attaquer le gouvernement», avait expliqué le général Steve Lanza, un porte-parole militaire américain.

«Pourquoi? Peut-être pour briser l'unité nationale. Peut-être pour faire en sorte que la population perde confiance dans le gouvernement, et que l'on cherche des responsables (de l'insécurité) afin de créer une cassure dans les forces de sécurité et de favoriser la réémergence des milices», avait-t-il ajouté.

Les 500 000 policiers et 250 000 militaires irakiens sont désormais seuls à assumer la sécurité dans les centres urbains alors que la quasi-totalité des 129.000 soldats américains restent cantonnés à l'extérieur dans un rôle d'appui et de formation jusqu'à leur départ fin 2011.