L'Irak va demander à l'administration américaine de porter plainte en son nom devant les tribunaux des États-Unis contre les sociétés étrangères accusées de corruption dans le cadre du programme «pétrole contre nourriture».

«Le ministère de la Justice va adresser une lettre au secrétaire d'État américain pour qu'il porte plainte devant les tribunaux américains au nom du peuple et du gouvernement irakiens contre les compagnies étrangères impliquées dans les affaires de corruption dans le cadre du programme «pétrole contre nourriture», a indiqué lundi dans un communiqué le porte-parole du gouvernement irakien Ali al-Dabbagh. Le programme de l'ONU «Pétrole contre nourriture» avait été conçu pour aider les Irakiens à survivre aux sanctions internationales imposées au régime de Saddam Hussein après l'invasion du Koweït en 1990.

D'une valeur totale de 64 milliards de dollars, il avait permis à l'Irak de vendre sous contrôle des Nations unies, de 1996 à 2003, des quantités limitées de pétrole et d'acheter en échange des biens pour sa population.

Mais le gouvernement irakien avait perverti le système et plusieurs milliards de dollars ont été détournés. Le scandale avait été révélé en janvier 2004 et son ancien directeur Benon Sevan avait démissionné de l'ONU en août 2005.

Plus de 2.200 entreprises (notamment russes, françaises ou chinoises) issues de plus de 60 pays seraient concernées par les manipulations de ce programme, selon un rapport d'une commission d'enquête indépendante dirigée par l'ancien président de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker.

La résolution 986 du Conseil de sécurité, du 14 avril 1995, définissait le programme comme une «mesure temporaire destinée à couvrir les besoins humanitaires du peuple irakien» en attendant que le régime assume ses engagements envers l'ONU et que les sanctions puissent être levées.

Il est entré en vigueur en décembre 1996 et a pris fin en novembre 2003, huit mois après l'invasion de l'Irak par les États-Unis.

Le programme avait été détourné par le biais de surfacturations ou de ventes parallèles, sous la forme notamment de bons d'achat (pour du pétrole) donnés en cadeau ou en paiement de biens importés à l'insu de l'ONU.