Le chef de la police iranienne a reconnu dimanche que des manifestants arrêtés lors de la contestation post-élection présidentielle avaient été victimes de mauvais traitements.

Le général Ismail Ahmadi Moghaddam, cité par les médias publics, a toutefois affirmé que certains prisonniers morts en détention avaient succombé à des virus, et pas à la torture, comme l'affirme le camp réformateur.

Mais un autre son de cloche est venu d'un haut responsable des Gardiens de la Révolution, le bras armé du régime iranien: Yadollah Javani, a réclamé dimanche que les candidats réformateurs Mir Hossein Moussavi et Mahdi Karroubi, ainsi que l'ancien président Mohammad Khatami soient arrêtés et jugés.

«Si Moussavi, Khatami (...) et Karroubi sont les principaux éléments d'un coup d'Etat de velours en Iran, ce qu'ils sont, on attend que les instances judiciaires et les responsables du renseignement se tournent vers eux pour éteindre le feu de la sédition, les arrêter, les juger et les punir», a-t-il déclaré selon IRNA.

«Ce centre de détention a été construit pour accueillir des criminels dangereux. Accueillir des personnes liées aux récentes émeutes a causé des épidémies», a déclaré Ismail Ahmadi Moghaddam, cité par l'agence officielle IRNA. Les manifestants «sont morts de maladies virales, et pas sous les coups», a-t-il ajouté, selon l'agence semi-officielle Fars.

Selon plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme, au moins trois manifestants sont morts après avoir été détenus et torturés à la prison de Kahrizak.

Le directeur de cet établissement a été démis de ses fonctions, et la fermeture de la prison a été ordonnée le mois dernier. Trois gardiens ont également été arrêtés pour des accusations de mauvais traitements sur des prisonniers.

Le procureur général d'Iran Ghorban Ali Dorri Najafabadi a estimé qu'il fallait juger les auteurs de «violations»: «Il est possible qu'il y a eu des erreurs et des mauvais traitements dus à la surpopulation dans la prison», a-t-il ajouté.

Depuis la Corée du Sud où elle est en déplacement, la lauréate du prix Nobel de la paix iranienne Shirin Ebadi a exhorté le gouvernement iranien à libérer toutes les personnes arrêtées et à ôôcesser immédiatement la violence», estimant que le président Mahmoud Ahmadinejad devait «écouter la voix du peuple».

«Je veux critiquer le gouvernement pour les avoir arrêtés et torturés alors qu'ils manifestaient pacifiquement», a ajouté l'avocate spécialiste des droits de l'homme, dont les propos étaient traduits du farsi.

Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées lors du mouvement de contestation qui a suivi l'élection controversée du 12 juin, qui a vu la victoire de Mahmoud Ahmadinejad. Au moins 30 personnes sont mortes dans les violences, selon les chiffres d'une commission d'enquête parlementaire, mais les ONG craignent que le bilan soit beaucoup plus lourd. Shirin Ebadi a évoqué une centaine de morts.