Les portes ont claqué mercredi au deuxième jour du congrès du Fatah à Bethléem, en Cisjordanie. Des délégués demandent des comptes sur les finances depuis la dernière réunion en 1989, et d'autres soupçonnent le président Abbas d'avoir manoeuvré pour faire élire ses alliés à la direction du parti palestinien.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a laissé entendre que le congrès devrait être prolongé de deux jours pour s'achever samedi au lieu de jeudi, selon un délégué, Sami Sarhan.

Ce sommet, vingt ans après celui de Tunis, est censé permettre le renouvellement de la direction, débarrasser le mouvement des soupçons de corruption et le renforcer face à son grand rival islamiste, le Hamas, qui a pris le contrôle de la Bande de Gaza par les armes en juin 2007.

Mais la session à huis clos de mercredi a été ponctuée par des cris, et des délégués sont sortis furieux de la salle de réunion. Un délégué, Hussam Khader, a déclaré qu'il s'était levé et avait demandé au Comité central, l'instance dirigeante, de fournir un rapport détaillé de ses activités des 20 dernières années précisant de quelle façon l'argent a été dépensé.

Mahmoud Abbas a répliqué que son discours d'ouverture de mardi était une réponse suffisante. «J'ai élevé une objection et le président m'a ordonné de m'asseoir. Il m'a dit, «soit vous vous asseyez, soit vous partez», a raconté le délégué.

Les militants de la «jeune garde» comme Hussam Khader, 46 ans, se plaignent en outre de ce que Mahmoud Abbas et les «vieux» du Fatah se sont arrangés pour faire nombre afin de peser sur l'élection des 21 membres du Comité central. Nombre des 2270 délégués à Bethléem ont en effet été choisis par le président de l'Autorité palestinienne.

Autre sujet de discorde: la représentation des quelque 400 délégués empêchés de quitter la Bande de Gaza par le Hamas, en représailles au refus de Mahmoud Abbas de libérer des geôles de Cisjordanie environ 900 prisonniers appartenant au Mouvement de la résistance islamique. Une centaine de délégués de Gaza ont cependant pu se rendre au congrès, soit qu'ils ont quitté le territoire juste après sa chute aux mains du Hamas, soit qu'ils ont réussi à sortir clandestinement ces dernières semaines.

Au début du sommet, M. Abbas a désigné chargé une commission de proposer un moyen de faire participer les délégués retenus, éventuellement en les autorisant à voter par téléphone ou par courrier électronique.

Mais un groupe de délégués emmené par l'ancien homme fort de Gaza, Mohammed Dahlan, a exigé qu'un tiers des sièges du Comité central et de la deuxième instance, le Conseil révolutionnaire, soit réservé aux représentants de la Bande de Gaza. Un lieutenant de Mohammed Dahlan, Samir Macharaoui, est sorti en coup de vent après avoir lu à l'assemblée un communiqué du groupe.

Mohammed Abbas a rejeté les critiques, déclarant qu'il y avait «une différence entre demander des comptes et régler des comptes», selon le délégué Sami Sarhan. Le président palestinien a ajouté que le succès du congrès était primordial car le monde observait les événements.