Le projet de construction de 20 logements juifs à Jérusalem-est a provoqué dimanche une nouvelle passe d'armes entre Israël et les Etats-Unis sur la colonisation dans les territoires occupés.

«Nous n'acceptons pas que des Juifs n'aient pas le droit de vivre et construire où que ce soit à Jérusalem-est», annexé depuis 1981, a affirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «De telles restrictions sont inadmissibles», a-t-il lancé.

Il a tenu ces propos après la convocation de l'ambassadeur d'Israël à Washington, Michael Oren, au département d'Etat pour s'expliquer sur ce projet, selon un responsable gouvernemental israélien. L'administration du président Barack Obama exige depuis plusieurs mois un gel total de la colonisation juive pour relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens.

En visite en Inde, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton n'a pas souhaité dimanche faire de commentaire sur cette affaire ni sur «aucun point spécifique des négociations» israélo-palestiniennes.

Il est «impossible de transiger sur la colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem. Cela doit cesser», a dit de son côté à l'AFP Saëb Erakat, un des principaux négociateurs palestiniens.

«Ici, c'est vide depuis plus de 15 ans», constate pour sa part un vigile arabe qui surveille un imposant corps de bâtiments aux fenêtres obstruées par des lambeaux de nylon, dans le quartier arabe de Cheikh Jarrah.

Le terrain prévu pour les 20 logements a été saisi en 1968 par l'Etat d'Israël puis racheté en 1985 par l'homme d'affaires juif américain Irving Moskowitz, bailleur de fonds de l'association nationaliste Ateret Cohanim vouée à la judaïsation de Jérusalem.

«Les papiers auxquels se réfèrent les autorités israéliennes sont des faux (...) Ce bâtiment appartenait à la famille du grand mufti de Jérusalem Hadj Amine Al-Husseini», affirme aux journalistes Adnan Al-Husseini, le gouverneur de Jérusalem relevant de l'Autorité palestinienne.

Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, a pourtant autorisé le projet controversé, à condition que le bâtiment historique en question soit préservé.

Israël a conquis en juin 1967 puis annexé la partie orientale de Jérusalem, mais la communauté internationale n'a jamais reconnu cette démarche.

Les Palestiniens entendent y installer la capitale de l'Etat auquel ils aspirent et Cheikh Jarrah est justement l'un des quartiers arabes les plus prestigieux de ce secteur. Beaucoup de consulats étrangers (France, Grande-Bretagne, Italie, Espagne, Suède) y sont installés dans de coquettes villas entourées de jardins.

Les injonctions de l'administration américaine sur un gel de la construction à Jérusalem-est ont également suscité un tollé de l'ensemble de la classe politique israélienne.

«Jérusalem unifiée est la capitale du peuple juif et de l'Etat d'Israël sur laquelle notre souveraineté ne saurait être remise en question», a réaffirmé dimanche M. Netanyahu, qui a reçu l'appui de la chef de l'opposition, Tzipi Livni.

«Conformément à un arrêt de la Cour suprême d'Israël, juifs, musulmans et chrétiens peuvent acheter où bon leur semble à Jérusalem, sans aucune discrimination», souligne aussi un communiqué de la municipalité de la Ville sainte.

Selon Orly Noy, une responsable de l'ONG Ir Amim, qui lutte contre la judaïsation de Jérusalem-est, «des milliers de Palestiniens se sont effectivement installés à French Hill et Nevé Yaacov», deux nouveaux quartiers voisins de Cheikh Jarrah.

Quelque 190 000 Israéliens vivent dans une douzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-est aux côtés de 270 000 Palestiniens.