Les critiques se sont multipliées jeudi en Iran contre l'utilisation d'appareils russes d'occasion et en mauvais état, au lendemain de l'écrasement d'un avion Tupolev-154 de la compagnie iranienne Caspian Airlines dans le nord du pays qui a fait 168 morts.

L'accident est «probablement» dû à un problème technique, a déclaré jeudi Ahmad Majidi, responsable de l'unité de crise du ministère iranien des Transports, cité par l'agence Mehr.

 

«Le pilote n'était probablement pas responsable et nous pensons que l'accident est probablement dû à un problème technique», a déclaré M. Majidi, qui dirige l'unité de crise mise en place après l'accident.

 

Il a ajouté que «les deux boîtes noires retrouvées ont été endommagées de sorte que les bandes d'enregistrement ont été retrouvés sur le sol». «Nous sommes en train d'essayer de lire ces bandes (...) la possibilité existe aussi que ces bandes soient envoyées en Russie, où l'avion a été construit, pour examen», a-t-il ajouté.

Critiques

Le Tupolev-154, un des best-sellers de l'aéronautique russe, effectuait la liaison entre Téhéran et Erevan, la capitale de l'Arménie lorsqu'il a pris feu et s'est écrasé dans la région de Qazvin, tuant ses 153 passagers et 15 membres d'équipage. «L'explosion a été si forte et l'impact si grand que tous les corps ont été désintégrés et nous n'avons trouvé aucun corps intact», a déclaré Mohammad Ali Ahani, chargé de la gestion des catastrophes de la province de Qazvin, selon l'agence semi-officielle Mehr.

 

Les restes ont été transférés à Téhéran et «les familles des victimes doivent prendre contact avec la médecine légale de Téhéran, bien que la désintégration des corps rende leur identification impossible», a-t-il ajouté.

 

Après la plus grave catastrophe aérienne à frapper l'Iran en plusieurs années, les critiques se sont multipliées contre l'utilisation d'avion d'occasion, en particulier les Tupolev.

 

«Nouveau cadeau de Tupolev», titre en Une le quotidien Hezbollah. «Tupolev a encore fait des victimes», titre le journal Hamshahri.

 

Le quotidien réformateur Mardomsalari publie à la Une un dessin sur lequel on voit un avion en forme d'ange noir de la mort qui descend en flèche et sur lequel est marqué «made in Russia». «Les chariots de mort russes ont encore crée un accident dans le ciel iranien. 168 morts et encore un Tupolev», écrit le journal.

 

«Les Iraniens n'ont aucun bon souvenir des avions russes Tupolev», ajoute-t-il en évoquant plusieurs accidents des dernières années qui ont fait des dizaines de morts à chaque fois.

 

«Le Tupolev est considéré comme le moins sûr des avions dans le monde et n'a pas le droit de voler en Europe et aux États-Unis (...) mais la plupart des compagnies iraniennes utilisent des Tupolev-154», affirme encore le journal. Le triréacteur a effectué son premier vol commercial en 1972 et sa fabrication a été arrêtée en 1994.

 

Le quotidien réformateur Etemad Melli parle quant à lui de «mauvais cadeau russe» et critique les responsables des compagnies aériennes qui utilisent un avion qui «a causé tant de dommages» aux Iraniens. «Certains responsables de l'aviation et des compagnies aériennes locales lient leur incapacité à acheter des avions sûrs aux sanctions» contre l'Iran, écrit le journal. Mais il se demande «comment ces dernières années certaines compagnies non gouvernementales iraniennes ont pu acheter des avions neufs et modernes» occidentaux.

 

L'Iran est soumis à des sanctions américaines et ne peut acheter des Airbus et Boeing mais certaines compagnies ont réussi à contourner ces obstacles. Selon le journal, les problèmes financiers des compagnies et la pression du gouvernement pour que le prix des billets n'augmente pas obligent aussi les compagnies à ne pas respecter les règles de sécurité et standards internationaux.