Près de quatre semaines après la présidentielle contestée du 12 juin, les partisans de Mir Hossein Moussavi tentaient de relancer le mouvement de protestation en Iran, en appelant à descendre dans la rue, jeudi, pour les premières grandes manifestations depuis 11 jours. Mais les autorités ont déjà promis de réprimer avec force toute tentative de contestation.

Les partisans du candidat réformateur Mir Hossein Moussavi ont appelé à de nouvelles manifestations à Téhéran et plusieurs autres villes iraniennes. Une tentative pour relancer l'action de la rue après la répression des grands rassemblements post-présidentielle par la police, les Gardiens de la Révolution et les milices bassidji, alors qu'aucune grande manifestation n'a eu lieu depuis 11 jours.Mais le gouverneur de la province de Téhéran, Morteza Tamaddon, a averti que les autorités réagiraient de la même façon à toute nouvelle manifestation.

«Si certains individus ont l'intention de mener des initiatives contre la sécurité en répondant à l'appel de réseaux contre-révolutionnaires, ils seront écrasés», a-t-il dit, selon l'agence officielle IRNA.

«Les ennemis sont furieux du calme après les complots post-électoraux et ils tentent de porter atteinte à la paix via des réseaux étrangers, contre-révolutionnaires bien connus», a-t-il ajouté, promettant que le gouvernement assurerait «avec force» la sécurité.

Jeudi matin, aucun signe d'une présence accrue des forces de sécurité n'était visible sur les places de la capitale où les manifestants étaient invités à se rassembler. Mais les autorités semblaient avoir pris un certain nombre d'autres mesures pour empêcher les rassemblements.

Le service de SMS était inopérant jeudi pour la troisième journée consécutive, manifestement pour bloquer les communications entre les manifestants. Déjà, les échanges de SMS avaient été bloqués après le 12 juin et jusqu'il y a une semaine encore au plus fort des manifestations.

Les autorités ont aussi fermé les universités et décrété des jours chômés mardi et mercredi, invoquant l'épais nuage de poussière et de pollution qui recouvrait la capitale et d'autres parties du pays. Du coup, jeudi marquant le début du week-end en Iran, beaucoup ont profité de ces jours de vacances surprise pour partir chercher des conditions météo plus agréables.

Les appels à manifester circulent depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux sur Internet et d'autres sites proches de l'opposition. Les rassemblements devaient coïncider avec l'anniversaire jeudi d'une attaque des bassidji sur un dortoir universitaire de Téhéran dans lequel un étudiant avait été tué pendant les manifestations étudiantes de 1999.

Mir Hossein Moussavi et ses partisans contestent les résultats de la présidentielle du 12 juin, officiellement largement remportée par le président sortant, l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. L'opposition dénonce des fraudes.

Dans les jours qui ont suivi le scrutin, des centaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues pour exiger de nouvelles élections. Le régime n'a consenti qu'à recompter une poignée de bulletins, avant que l'ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême de la Révolution, ne valide les résultats en prévenant qu'aucune contestation ne serait tolérée.

Au moins 20 manifestants et sept miliciens bassidji ont été tués dans la répression qui a suivi et un millier de personnes arrêtées. Si la police assure que la plupart ont été relâchées, les forces de sécurité continuent d'interpeller des dizaines de militants, journalistes et blogueurs. Les ressortissants étrangers ne sont pas épargnés, alors que Téhéran accuse les pays occidentaux d'attiser, voire d'avoir fomenté, la contestation.

Victime apparente de ces tensions, la Française Clotilde Reiss restait incarcérée jeudi à la prison d'Evin, où l'ambassadeur de France a pu lui rendre visite dans la matinée. La jeune femme est «en bonne santé» mais «préoccupée» par son sort, selon le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner.

Arrêtée le 1er juillet alors qu'elle s'apprêtait à rentrer en France, la jeune femme de 23 ans, lectrice de français pendant cinq mois à Ispahan, est accusée d'espionnage pour avoir transmis sur Internet des photos des manifestations, d'après les autorités françaises.

Mercredi, à L'Aquila (Italie), où se tient le sommet du G-8, Nicolas Sarkozy avait exigé que la jeune femme soit libérée «sur le champ». «Le comportement de Téhéran à l'endroit de certains ressortissants étrangers est tout simplement inadmissible», a-t-il lancé. «Ces méthodes ne sont rien d'autre que du chantage», a jugé le président français.