Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a affirmé qu'un refus d'Israël d'arrêter la colonisation en Cisjordanie occupée mettrait à mal les espoirs d'une reprise du processus de paix, lors de sa visite lundi à Jérusalem.

«Chacun le sait, sans un arrêt de la construction dans les implantations, il ne pourra pas y avoir de progrès décisifs dans le processus de paix», a-t-il déclaré aux journalistes après une rencontre avec le premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, première étape de sa tournée au Moyen-Orient.

Selon lui, l'initiative américaine qui consiste à promouvoir la solution de «deux États pour deux peuples» israélien et palestinien représente une occasion unique que la région ne peut se permettre de rater.

M. Steinmeier a ajouté que la décision du président américain Barack Obama d'ouvrir un dialogue avec les voisins d'Israël comme la Syrie, où il se rend également, avait permis de «créer un mouvement».

«Mais nous savons que le temps a tendance à jouer contre nous, c'est pourquoi nous ressentons maintenant un sens de l'urgence», a-t-il souligné.

Outre M. Netanyahu, le ministre allemand a rencontré le président israélien Shimon Peres ainsi que le négociateur palestinien Saëb Erakat. Il devait s'entretenir dans la soirée avec son homologue Avigdor Lieberman.

M. Peres a souligné que l'acception conditionnelle pour la première fois de d'un État palestinien par M. Netanyahu reflétait «son désir de paix et le fait qu'il est prêt à commencer des négociations avec les Palestiniens».

La visite de M. Steinmeier à Jérusalem a eu lieu au moment où le ministre israélien de la Défense Ehud Barak rencontrait l'envoyé spécial américain pour le Proche-Orient George Mitchell à Londres pour discuter du dossier controversé de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés.

M. Steinmeier a admis que ce dossier constituerait «la partie la plus difficile» des discussions avec les Israéliens, mais qu'il n'y avait pas moyen de contourner la question des implantations.

M. Netanyahu a jusqu'à présent refusé d'arrêter les chantiers dans les colonies en avançant comme argument que le gouvernement ne peut pas geler la «croissance démographique naturelle» des quelque 300 000 Israéliens installés dans ces implantations.

Mais le ministre allemand a prévenu que la Jordanie, l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui ont adopté une attitude «constructive» sur le processus de paix pourraient abandonner cette politique si Israël continuait à construire dans les colonies.

Selon lui, l'Europe et l'Allemagne en particulier ont un rôle crucial à jouer pour jeter les bases d'une paix soutenue par les pays arabes. «L'Allemagne a une voix qui est entendue dans toute la région», a-t-il dit.

Auparavant, M. Steinmeier a émis l'espoir d'un «nouveau départ» pour le processus de paix affirmant que l'Europe devrait s'impliquer davantage pour «soutenir» les efforts de Washington.

Dirigeant du parti social-démocrate, M. Steinmeier est aussi vice-chancelier et le principal concurrent de la chancelière chrétienne démocrate Angela Merkel aux législatives de septembre. Il a déjà effectué 14 tournées dans la région depuis son entrée en fonction comme chef de la diplomatie fin 2005.

Le ministre allemand se rendra en Syrie et au Liban mardi.