Le chef de l'opposition en Iran, Mir Hossein Moussavi, a déclaré mercredi que le prochain gouvernement qui sera formé par le président Mahmoud Ahmadinejad ne serait «pas légitime» pour la majorité des Iraniens, selon un communiqué publié sur son site Internet.

M. Moussavi, candidat malheureux à la présidentielle controversée du 12 juin, avait maintenu sa demande d'un nouveau scrutin après la confirmation lundi de la réélection de M. Ahmadinejad par le Conseil des Gardiens de la constitution, la plus haute instance électorale de l'Iran.

Il a, dans son communiqué, appelé à «la libération de toutes les personnes arrêtées pour des «raison politiques, l'interdiction pour le gouvernement de limiter l'accès à Internet, l'arrêt des écoutes téléphoniques et enfin la possibilité de disposer d'une télévision indépendante».

Le chef de la police iranienne, Ismail Ahmadi Moghaddam, cité par l'agence Fars, a fait état de l'arrestation de 1.032 personnes lors des manifestations à Téhéran qui ont suivi la victoire de M. Ahmadinejad, un ultraconservateur. «Bon nombre d'entre elles ont été libérées et les autres font l'objet d'une enquête par les tribunaux public et révolutionnaire», a-t-il dit.

Il a également indiqué que 20 manifestants avaient été tués lors du mouvement de contestation populaire sans précédent depuis la révolution islamique de 1979.

«Désormais, nous aurons un gouvernement qui aura la pire relation avec le peuple. La majorité de la société dont je fais partie ne reconnaîtra pas la légitimité politique de ce gouvernement», a dit M. Moussavi, un conservateur modéré soutenu par les réformateurs.

«Notre devoir historique est de continuer à protester pour défendre le droit du peuple (...) notre devoir révolutionnaire, et d'empêcher que le sang versé par des centaines de milliers de martyrs ne mène à un gouvernement policier», a-t-il ajouté.

«Je ne ferai pas de compromis sur les droits et le vote des gens qui a été escamoté», a-t-il indiqué. «Si on ne résiste pas aujourd'hui, nous n'aurons aucune garantie qu'à l'avenir de tels événements amers ne se reproduisent pas».

M. Moussavi a précisé qu'un groupe d'hommes politiques dont il fait lui-même partie avait décidé de créer «une formation politique légale pour défendre les droits et les votes piétinés des citoyens lors de la présidentielle, de publier les documents sur les fraudes et les irrégularités, et de porter l'affaire devant la justice».

Le chef du mouvement contestataire a aussi demandé que soit «assurée la liberté de rassemblement, de presse, la levée des interdictions frappant les journaux et les sites Internet indépendants».

Avant lui, l'ex-candidat réformateur à la présidentielle Mehdi Karoubi a affirmé qu'il ne reconnaissait pas la réélection de M. Ahmadinejad, dans une lettre publiée sur son site Internet. «Cette élection n'est pas valable et je ne reconnais pas ce gouvernement comme légitime».

De son côté, l'Association des religieux combattants, qui regroupe des religieux réformateurs et est proche de l'ancien président Mohammad Khatami, tout en «protestant contre les résultats de la présidentielle», a estimé dans un communiqué que «les protestations de rue ne sont pas la solution» et appelle au calme.

Enfin et signe d'un début de retour à la normale, le réseau de sms, coupé depuis le 12 juin, a été rétabli mercredi soir par les autorités.