L'Iran a annoncé dimanche l'arrestation de huit employés locaux de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran dans le cadre de la crise née de la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, une mesure qualifiée d'«intimidation» par Londres.

Dans la capitale, malgré l'interdiction des manifestations, environ 3000 partisans du chef de l'opposition Mir Hussein Moussavi se sont rassemblés en soirée près de la mosquée Ghoba, en mémoire d'un personnage de la révolution islamique tué dans un attentat en 1981, selon des témoins.

Ces manifestants ont été dispersés par la police, et «une ou deux personnes» ont été arrêtées, a précisé un témoin à l'AFP.

Au cours des 15 derniers jours, ce sont «plus de 2000 personnes» qui ont été arrêtées et sont détenues en Iran, tandis que des centaines sont «portées disparues», a de son côté souligné, de Paris, le vice-président de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH), Karim Lahidji.

Nouveau développement dans le contentieux entre Téhéran et Londres, huit employés iraniens de l'ambassade britannique ont également été arrêtés, selon l'agence Fars.

«L'ambassade de Grande-Bretagne a joué un rôle important dans les récentes émeutes», qui ont fait au moins 20 morts et ébranlé la République islamique, a accusé le ministre iranien du Renseignement, Gholam Mohseni-Ejei, cité par l'agence Irna.

Elle a «dépêché ses employés locaux parmi les émeutiers pour servir ses propres intérêts» a-t-il poursuivi, tandis que le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki lançait à l'adresse de Londres : «ne continuez pas ce jeu qui est perdu».

La Grande-Bretagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères David Miliband, s'est dite «profondément préoccupée», évoquant du «harcèlement» et de l'«intimidation» de la part Téhéran.

L'Union européenne a annoncé que «le harcèlement et l'intimidation du personnel diplomatique des pays européens recevrait une réponse forte et collective de l'UE».

Les autorités iraniennes accusent les Occidentaux, et au premier chef la Grande-Bretagne, d'avoir planifié et mené la contestation.

Téhéran a expulsé en début de semaine deux diplomates britanniques, avant que Londres ne réplique de la même manière.

Le correspondant de la BBC en Iran, Jon Leyne, a également été expulsé et, selon M. Mohseni-Ejei, certains porteurs de passeports britanniques ont «eu un rôle dans les émeutes».

Londres a nié tout rôle dans la crise.

Le guide suprême Ali Khamenei a de son côté à nouveau condamné les «remarques idiotes» de dirigeants occidentaux sur les troubles post-électoraux.

Le pouvoir reste confronté au refus des candidats contestataires, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, de travailler avec la commission désignée par le Conseil des gardiens de la Constitution et chargée de recompter les résultats dans 10% des urnes.

Les deux candidats, qui dénoncent des fraudes, demandent un nouveau scrutin.

Le Conseil des gardiens, qui dépend du guide suprême Ali Khamenei, avait donné vendredi 24 heures aux perdants pour nommer un représentant à la commission. Il est censé confirmer les résultats donnant une victoire écrasante à M. Ahmadinejad d'ici lundi.

La commission présentée par le Conseil compte exclusivement des personnalités fidèles au guide suprême, qui a soutenu M. Ahmadinejad avant l'élection du 12 juin et a validé publiquement sa réélection.

Samedi, le Conseil de discernement, la plus haute instance d'arbitrage du régime, dirigée par l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, réputé soutenir M. Moussavi, avait demandé au Conseil des gardiens «un examen précis de toutes les plaintes et protestations».