Des responsables iraniens ont pointé du doigt vendredi les États-Unis dans l'attentat qui a fait 23 tués la veille dans une mosquée chiite et lié cette attaque à la présidentielle du 12 juin en Iran.

Malgré des tentatives d'ouverture de l'administration américaine de Barak Obama en direction de Téhéran, un responsable iranien a accusé les États-Unis d'avoir recruté les auteurs de l'attentat à la bombe survenu dans la ville de Zahedan (sud-est), chef-lieu de la province du Sistan-Balouchistan. «Trois personnes impliquées dans l'incident terroriste ont été arrêtées», a déclaré à l'agence Fars Jalal Sayah, le vice-gouverneur du Sistan-Balouchistan, proche du Pakistan et de l'Afghanistan, qui abrite une forte minorité sunnite.

«Selon les informations que nous avons obtenues, ces suspects ont été recrutés par l'Amérique et les agents de l'arrogance», a-t-il affirmé. Les autorités iraniennes utilisent le terme «arrogance mondiale» en référence à l'«ennemi» américain.

L'attentat n'a pas encore été revendiqué.

Il s'est produit lors de la prière du soir à la mosquée Amir al-Momenin, le second lieu de culte chiite en importance à Zahedan, alors que les Iraniens marquent l'anniversaire de la mort de Fatima Zahra, fille du prophète Mahomet et épouse d'Ali, premier imam chiite.

Selon un dernier bilan fourni par Mohammad Gholami, chef de la fondation locale des «martyrs», l'attentat a fait 23 morts. Le gouverneur du Sistan-Balouchistan, Ali Mohammad Azad, a fait par ailleurs état de 125 blessés.

«Cette catastrophe était une attaque suicide terroriste», a dit le député de Zahedan, Payman Foroozesh à l'agence de presse Ilna.

Le candidat à la présidentielle iranienne, Mir Hossein Moussavi, a blâmé lui aussi «des forces étrangères» qu'il n'a pas identifiées. Des attaques comme celle de Zahedan ont été «influencées ou soutenues par des forces étrangères», a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.

«Moins il y a des forces étrangères dans la région et plus la sécurité règne. Ces forces provoquent la montée de l'extrémisme», selon lui.

Selon le gouverneur Azad, l'attentat faisait partie d'un projet fomenté par des «bandits et terroristes» pour porter atteinte «à la sécurité dans la province avant l'élection (présidentielle), vu l'insécurité dans les pays voisins à l'est» de l'Iran.

«La bombe a été activée par un terroriste», a-t-il ajouté, précisant qu'après l'explosion «des membres d'un groupe terroriste qui voulaient fuir Zahedan ont été arrêtés». Ces derniers voulaient, a-t-il dit, «faire exploser des bombes dans d'autres secteurs de Zahedan».

L'Iran accusait les agents des États-Unis et de la Grande-Bretagne basés chez les voisins irakien et afghan de lancer des attaques sur les provinces frontalières où habitent des minorités ethniques. Washington et Londres ont toujours démenti.

Le 19 mai encore, le guide suprême iranien Ali Khamenei a accusé les États-Unis de «former des terroristes» au Kurdistan irakien frontalier pour lutter contre l'Iran.

«Au-delà de nos frontières occidentales (...) ils distribuent de l'argent et des armes pour combattre le régime de la République islamique», a-t-il dit en allusion aux combattants du groupe séparatiste kurde PJAK.

Les États-Unis, qui démentent financer des opérations visant à déstabiliser le régime de Téhéran, accusent pour leur part l'Iran de financer et d'armer les «groupes spéciaux» en Irak, en allusion aux extrémistes chiites.

L'administration Obama a fait des ouvertures en direction de l'Iran pour tenter notamment de le convaincre de suspendre ses activités nucléaires.

Les deux pays n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980.