L'Iran a adopté samedi un profil bas pour la fête annuelle de ses forces armées, alors que la nouvelle administration américaine a multiplié les appels au dialogue avec Téhéran, et malgré les menaces de responsables israéliens contre son programme nucléaire.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a ouvert le traditionnel défilé militaire au sud de Téhéran par un discours remarquablement court et modéré. Il a présenté la nation iranienne comme étant «idéaliste et soutenant la paix et la sécurité» pour tous les pays.

Il n'a pas eu un mot pour les grandes puissances dont il assurait l'an dernier, pour la même occasion, qu'elles s'étaient «enlisées» grâce à la «résistance du peuple iranien».

Il n'a pas plus menacé de «couper la main» de tout agresseur, comme il l'avait fait en 2006 et 2007, dans un avertissement implicite à Israël et aux États-Unis. 

Cette fois il a présenté les forces armées comme «le garant de la sécurité dans la 0région», avant d'assurer que la nation iranienne était «prête à une large participation à la gestion du monde et à l'établissement de la sécurité fondée sur la justice en différents endroits de la planète».

Ce ton modéré s'accorde avec celui de l'administration du président Barack Obama.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a jugé «sensé d'avoir un dialogue très prudent avec l'Iran sur un certain nombre de dossiers», à l'issue d'une réunion le 9 avril des grandes puissances sur la question du programme nucléaire iranien.

C'est à l'initiative de Washington que Téhéran avait participé quelques jours plus tot à une conférence internationale sur l'Afghanistan.

Samedi, le point fort de la matinée devait être le passage de plus de 140 avions, un chiffre record. Mais seuls quelques dizaines d'hélicoptères sont passés au dessus de la tribune officielle, non loin du mausolée de l'imam Khomeiny.

Le présentateur officiel du défilé sur place, un officier, a expliqué que les avions n'avaient pas pris l'air à cause des conditions météorologiques, alors qu'un beau soleil réchauffait la capitale.

Par ailleurs, le défilé ne comportait pas les missiles à moyenne portée permettant théoriquement à l'Iran de frapper Israël. L'armée avait présenté l'an dernier son Ghadr-1 (Puissance), réputé pouvoir atteindre des cibles à 1.800 km, et donc l'État hébreu.

Alors que, l'an dernier, le slogan traditionnel «Mort à Israël» était affiché sur un camion portant un missile, il est apparu samedi sur un simple porte-véhicule.

Les responsables israéliens n'ont pourtant jamais exclu l'usage de la force pour empêcher selon eux l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire.

Le président Shimon Peres a bien affirmé jeudi que «la solution concernant l'Iran n'est pas militaire».

Mais la semaine précédente le ministre chargé du développement régional Sylvan Shalom estimait que son pays «ne pourra tolérer un Iran doté de l'arme nucléaire».

Quant au premier ministre Benjamin Netanyahu, qui dirige le nouveau gouvernement de droite en Israël, il avait déclaré fin mars que «le plus grand danger pour l'humanité et pour Israël provient de la possibilité d'un régime radical doté de l'arme atomique».