Une cour d'appel de Bagdad a réduit mardi à un an la peine de prison que purge Mountazer al-Zaïdi, le journaliste irakien devenuu célèbre pour avoir lancé ses chaussures à la tête du président George W. Bush, et il devrait ainsi être libéré en septembre.

«La cour d'appel a décidé de réduire de trois à un an la peine de prison» de M. Zaïdi, a déclaré à l'AFP son avocat principal Dhiya al-Saadi.

«Et ce pour plusieurs raisons: ses motifs, son jeune âge et le fait qu'il n'a pas commis de crimes auparavant», a ajouté M. Saadi. «Il a eu une bonne conduite en prison, c'est pourquoi la Cour a réduit sa peine.»

Selon le code irakien d'application des peines, a précisé l'avocat, une peine d'un an de prison correspond à neuf mois de détention.

Mountazer al-Zaïdi avait commis son geste le 14 décembre et été arrêté immédiatement. Il devrait donc être libre à la mi-septembre prochain.

«Nous avons appris la nouvelle par M. Saadi et toute la famille s'est mise à chanter, danser, crier ! Même ma soeur qui est à l'hôpital et malade a dit qu'elle voulait rentrer», a déclaré à l'AFP Durgham, un des frères du condamné.

«Pour la famille, comme pour les amis de Mountazer, c'est une victoire», a ajouté Durgham al-Zaïdi.

Mountazer Zaïdi, un Irakien de 30 ans, avait été condamné le 12 mars à trois ans de prison par la Cour criminelle centrale d'Irak.

Condamné pour «agression contre un chef d'Etat étranger lors d'une visite officielle» et détenu dans une prison de la «zone verte», le secteur ultra-protégé de Bagdad, il avait fait appel du jugement.

«Cette condamnation a un caractère cynique dans un pays où tellement d'assassins de journalistes n'ont pas été traduits en justice. Nous appelons à sa libération», avait réagi l'organisation Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué.

«Nous regrettons évidemment que Zaïdi ait choisi cette manière de protester contre la politique du président Bush, mais il n'y a rien qui justifie une peine de prison», avait estimé RSF.

De son côté, le juge avait expliqué qu'il avait tenu compte de la jeunesse de l'accusé et du fait qu'il s'agissait de sa première condamnation. Le journaliste risquait en effet jusqu'à 15 ans de prison.

En plaidant non coupable, le journaliste avait expliqué que sa réaction était «naturelle, comme celle qu'aurait eu n'importe quel Irakien».

A l'ouverture de son procès le 19 février, Mountazer al-Zaïdi, inconnu jusqu'à son lancer de chaussures en pleine conférence de presse de l'ex-président américain et du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, avait justifié son acte par l'extrême émotion qu'il avait ressentie face «au responsable des crimes commis en Irak».

«Il est le plus grand responsable des meurtres commis contre mon peuple et j'ai donc modestement voulu faire quelque chose pour les victimes», avait-il dit.

Il s'était levé et avait crié au président américain qui effectuait une dernière visite en Irak: «c'est le baiser de l'adieu, espèce de chien», avant de lui lancer ses chaussures. Celles-ci n'avaient pas atteint leur cible.

Le journaliste a assuré avoir été «battu et torturé à l'électricité après l'incident par un général».

Un porte-parole de George W. Bush avait estimé que la condamnation du journaliste irakien était une affaire strictement irakienne.

Les images du geste de Mountazer al-Zaïdi avaient fait le tour du monde et suscité les vocations d'autres lanceurs de chaussures.