Le Premier ministre israélien pressenti Benjamin Netanyahu (Likoud) semblait se résigner lundi à un cabinet restreint de droite après un accord avec le parti ultra nationaliste Israël Beiteinou, une alliance qui a suscité des réactions inquiètes dans le monde.

«Nous sommes d'accord sur tous les principes et questions ainsi que sur la répartition des ministères et sur l'option d'un cabinet d'union», a affirmé à la presse le député du Likoud (droite, 27 élus) Guidéon Saar, après avoir paraphé dans la nuit de dimanche à lundi un accord de coalition avec Israël Beiteinou (15 députés sur 120).

«Nous ne fermons pas la porte à un gouvernement élargi et, s'il voit le jour, cela provoquera des changements» dans l'accord du Likoud et d'Israël Beiteinou, a toutefois ajouté M. Saar, qui supervise les tractations.

Aux termes de ce premier accord de coalition, Israël Beiteinou obtiendra le ministère des Affaires étrangères, attribué à son chef Avigdor Lieberman, ainsi que la Sécurité intérieure, les Infrastructures, le Tourisme et l'Intégration (des immigrants).

Dans la soirée, M. Netanyahu a rencontré le président Shimon Peres à Jérusalem pour tenter de le convaincre d'intervenir auprès du Kadima, le parti centriste de Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères sortante et du parti travailliste d'Ehud Barak, le ministre de la Défense, pour qu'ils acceptent de former un gouvernement d'union nationale, selon la radio publique.

En cas d'échec de cette tentative, le gouvernement très marqué à droite qui serait constitué a d'ores et dejà suscité des réactions inquiètes à l'étranger.

«Nous sommes confrontés à un facteur négatif, qui potentiellement peut créer des dégâts» dans le processus de paix, «à savoir l'émergence d'un gouvernement d'extrême droite en Israël», a déclaré le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit.

Le roi Abdallah II de Jordanie a estimé que la constitution d'un nouveau gouvernement en Israël ne devait pas servir d'«excuse» pour retarder les négociations de paix israélo-palestiniennes.

Le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana a répété que les Européens seraient «prêts à travailler normalement avec un gouvernement israélien qui accepterait de travailler pour une solution à deux Etats». «Si ce n'était pas le cas, la situation serait différente», a-t-il toutefois ajouté.

M. Netanyahu rejette l'idée d'un Etat palestinien et évoque une «paix économique» prévoyant l'amélioration des conditions de vie des Palestiniens en Cisjordanie aux plans de l'économie et de la sécurité.

Pour sa part, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a appelé à ne pas faire d'ostracisme. «Il faudra, et je souhaite qu'il soit le plus ouvert possible, travailler avec le gouvernement israélien».

Outre Israël Beiteinou, le Likoud devait poursuivre des tractations avec des partis religieux et d'extrême droite, notamment le Shass ultra-orthodoxe sépharade (11), la Liste Unifiée de la Torah ultra-orthodoxe ashkénaze (5), l'Union Nationale (4) et le Foyer Juif (3).

Selon le délai imparti par la loi, M. Netanyahu doit former son gouvernement et le présenter à l'investiture du Parlement d'ici jeudi, faute de quoi il devra demander au président Shimon Peres un délai supplémentaire de deux semaines.