Protégé et meilleur allié des Etats-Unis depuis sept ans, le président afghan Hamid Karzaï est aujourd'hui critiqué pour la corruption de son gouvernement au point de se demander s'il lui reste des amis dans la Maison Blanche d'Obama.

«Des élections arrivent mais le gouvernement national a l'air très détaché de ce qui se passe dans la population», a estimé le président américain Barack Obama cette semaine, interrogé sur le nouveau ton, plus sceptique, des Etats-Unis vis à vis du gouvernement afghan.

Hamid Karzaï s'est dit «surpris d'entendre cette déclaration» dans une interview sur CNN dimanche.

«Peut-être que la nouvelle administration n'est pas encore mûre sur ce dossier. Peut-être qu'ils ne disposent pas encore de toutes les informations. J'espère que quand ils se seront calmés, quand ils en auront appris plus, leur jugement sera meilleur», a-t-il commenté.

Mais M. Obama n'est pas le seul à pointer M. Karzaï du doigt.

Un rapport révélé cette semaine par l'amiral Dennis Blair, nouveau directeur du renseignement américain, estime que le gouvernement afghan est miné par une corruption chronique et une incapacité à répondre aux besoins élémentaires de la population.

«La corruption a dépassé le seuil culturellement tolérable et érode la légitimé du gouvernement», affirme le rapport présenté par M. Blair, précisant que «le commerce de la drogue afghane est une source majeure de revenus pour les fonctionnaires, les talibans et d'autres groupes insurgés». «C'est un des défis auxquels l'Afghanistan est confronté sur le long terme», insiste-t-il.

Mais Hamid Karzaï, qui brigue sa réélection en août, oppose à ces critiques le travail effectué pour développer les écoles, les routes et les soins médicaux, dans un des pays les plus pauvres au monde. «Notre engagement auprès de la population afghane est plus large et plus largement réparti que jamais il ne l'a été dans notre histoire», a-t-il déclaré sur CNN.

Selon lui, il n'y a pas plus de corruption en Afghanistan que dans n'importe quel pays en développement mais elle est exacerbée en raison de l'afflux d'argent étranger destiné à assister un pays dévasté par des années de guerre.

«Il y a de la corruption insignifiante, il y a la corruption dans les passations de contrats», a-t-il énuméré, «c'est en partie notre problème, en partie le problème de la communauté internationale et sa manière de passer des contrats».

Le président afghan a estimé qu'il pourrait «travailler dans un esprit constructif» avec M. Obama.

«Les gens dans cette partie du monde sont sensibles aussi, nous avons aussi de la morale dans cette partie du monde. Certains d'entre nous ont un haut niveau de moralité dans cette partie du monde», a-t-il expliqué.

«Quand je me plains des victimes civiles (de frappes américaines) c'est parce que j'espère de nos amis américains qui, j'en suis convaincu, ont un haut niveau de moralité, qu'ils comprennent qu'il s'agit d'une préoccupation humaine qui doit être prise en compte», a insisté M. Karzaï.