Quinze millions d'Irakiens votent samedi sous haute surveillance dans un scrutin provincial qui a valeur de test pour la stabilité du pays et la popularité du Premier ministre Nouri al-Maliki.

Dans tout le pays, près d'un million de soldats et policiers irakiens sont en état d'alerte et des mesures de sécurité draconiennes ont été prises pour éviter des attentats suicide de la part d'insurgés extrémistes opposés aux élections.

Pour ces élections, les autorités ont imposé des couvre-feux nocturnes pour les nuits de vendredi et samedi, la fermeture des aéroports et des frontières provinciales et internationales jusqu'à dimanche matin, l'interdiction du port d'arme, même pour les civils autorisés.

Aucun véhicule, hormis ceux dotés d'une autorisation spéciale, ne pourra circuler. Ces mesures ont été renforcées après l'assassinat jeudi de trois candidats et deux membres de la commission électorale.

Dans les 14 provinces concernées, sur 18 au total, la protection des 6 500 bureaux de vote se fera sans l'appui des Américains. Lors des scrutins de 2005, ces derniers avaient été obligés d'épauler les forces irakiennes en pleine restructuration.

Sur le plan politique, Nouri al-Maliki entend transformer ce scrutin en plébiscite, alors que ses adversaires kurdes et chiites l'accusent d'accaparer le pouvoir.

Même s'il n'est pas candidat, il a sillonné les régions chiites en défendant son bilan, récusant les ambitions territoriales des Kurdes et assurant qu'il lutterait contre la corruption qui gangrène le pays.

Chef du petit parti religieux chiite al-Dawa, M. Maliki soutient la «Coalition de l'Etat de droit», regroupant une dizaine de partis chiites.

L'autre tournant vers la normalité sera la participation massive des sunnites. Dépités d'avoir perdu le pouvoir qu'ils détenaient depuis 1 400 ans, ils avaient boycotté les élections de 2005.

Ils avaient ainsi laissé la part du lion aux Kurdes dans la région de Mossoul (nord), à majorité sunnite, et étaient sous-représentés dans d'autres régions mixtes.

Lors de ce scrutin proportionnel à un tour, les électeurs départageront 14.431 candidats concourant pour 440 sièges dans les conseils provinciaux, qui nomment le gouverneur et financent la reconstruction. Leur budget est de 2,5 milliards de dollars.