Les tunnels reliant la Bande de Gaza à l'Egypte seraient à nouveau opérationnels, malgré les centaines de bombes et de missiles qui les ont visés pendant la récente offensive israélienne. Le fait qu'ils puissent être aussi vite réparés souligne la difficulté d'arrêter la contrebande, et fait craindre à Israël que les dirigeants du Hamas, à Gaza, utilisent ce réseau souterrain pour se réarmer.

«J'ai réparé les dégâts en trois jours. C'est fonctionnel depuis ce matin», assure Abou Wahda qui, comme tous ceux qui sont impliqués dans une activité de contrebande, refusent d'être identifiés par autre chose qu'un surnom.

Selon Abou Wahda, le passage d'un mètre de haut dans lequel il se trouve, situé sous les sables mous de Gaza, n'a pas encore été complètement consolidé. Il reste dangereux pour les huit personnes travaillant pour lui qui font la navette entre l'Egypte et la Bande de Gaza pour passer des produits en contrebande.

«Mais le pire danger vient du ciel, s'ils bombardent à nouveau», précise-t-il. Un jeune a été posté à proximité pour scruter le ciel en cas d'arrivée d'avions israéliens.

Jeudi, la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a déclaré que l'Etat hébreu souhaitait rouvrir les hostilités si les bombardements n'étaient pas suffisants pour arrêter la contrebande. «Si nous avons besoin de faire d'autres opérations militaires pour arrêter la contrebande, ce sera fait», a-t-elle dit à la radio d'Israël. «Israël se réserve le droit d'agir contre la contrebande.»

Mettre fin à la contrebande, et faire cesser les tirs de roquettes du Hamas sur le sud d'Israël, c'était l'objectif clé de l'Etat hébreu dans son offensive, qui a fait 1.285 morts dans les rangs palestiniens, essentiellement des civils, selon un décompte du Centre palestinien des droits de l'homme.

Tsahal dit avoir détruit 60 à 70% des tunnels avant le cessez-le-feu de dimanche. Israël estime qu'il y avait environ 300 tunnels avant l'offensive.

A Rafah, ville frontalière où la quasi-totalité des tunnels sont creusés, des contrebandiers ont dit à l'Associated Press qu'il y avait environ 1.000 tunnels opérationnels avant le bombardement, et que jusqu'à 90% d'entre eux avaient été détruits.

La plupart des tunnels ont été creusés après le bouclage de Gaza par Israël et l'Egypte, suite à la prise du pouvoir par la force du Hamas en juin 2007.

Si le Hamas utilisait des tunnels pour faire entrer des armes, la plupart des tunnels sont utilisés pour contourner le blocus israélien et importer des produits qui manquent (carburant, vêtements, matériaux de construction, cigarettes, et même des chips dont les habitants de Gaza ont très envie après un mois pendant lequel ils ont dû survivre avec des rations de guerre).

Les tunnels, qui se trouvent à une quinzaine de mètres sous terre, sont en général longs de 800 mètres entre la Bande de Gaza et l'Egypte, où leur entrée est en général caché à l'intérieur des maisons.

Le Hamas ne dit jamais s'il fait passer des armes et de l'argent à travers les tunnels, mais il considère qu'il s'agit d'un commerce légitime. «Les gens n'auraient pas besoin des tunnels si la frontière était ouverte», a expliqué jeudi à l'AP Ehab Ghussein, porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas.