Israël a intensifié jeudi ses opérations dans le sud de la bande de Gaza, frappée dans la nuit par des nouveaux raids aériens, tout en envoyant des émissaires en Egypte discuter de propositions de trêve, au 13e jour de son offensive qui a fait plus de 700 morts palestiniens.

Des avions ont effectué deux raids jeudi vers 01h00 locale dans la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière égyptienne, visant une maison et un tunnel soupçonné de servir à la contrebande, selon des témoins.

Quatre missiles sont également tombés sur une zone inhabitée vers 03H00 locales, selon la même source.

L'armée a confirmé que des raids avaient lieu à Rafah qui, selon de premières informations, n'ont pas fait de victimes.

Lors d'une réunion mercredi présidée par le Premier ministre sortant Ehud Olmert, le cabinet de sécurité avait «approuvé la poursuite des opérations terrestres, y compris une troisième phase qui élargira l'offensive en pénétrant plus avant dans les zones peuplées», selon un responsable sous couvert d'anonymat.

L'armée avait largué mercredi soir des tracts sur Rafah sommant les habitants des zones frontalières de l'Egypte de quitter les lieux en raison de prochains bombardements contre des tunnels de contrebande.

L'armée a recensé 250 à 300 tunnels tandis que les contrebandiers palestiniens de Rafah évaluent leur nombre à plus de 500.

Des chars israéliens, appuyés par des hélicoptères, sont aussi entrés dans le sud de la bande de Gaza, selon des témoins, une information que l'armée a refusé de confirmer ou démentir.

Un raid aérien mercredi soir contre une mosquée de Gaza-ville a par ailleurs fait trois blessés, selon des sources palestiniennes.

Sur le front diplomatique, Israël a annonçé l'envoi d'émissaires au Caire pour discuter de propositions de cessez-le-feu du président égyptien Hosni Moubarak, en coordination avec son homologue français Nicolas Sarkozy.

Amos Gilad, conseiller politique du ministre de la Défense, Ehud Barak, et Shalom Turjman, conseiller de M. Olmert, vont examiner le plan égyptien qui bénéficie d'un large soutien international.

Le département d'Etat américain s'est dit ouvert à l'initiative égyptienne.

Elle prévoit notamment «un cessez-le-feu immédiat pour une période limitée» afin de permettre l'ouverture de couloirs humanitaires et la poursuite des efforts égyptiens en vue d'une trêve permanente et des arrangements pour sécuriser les frontières de la bande de Gaza avant leur éventuelle réouverture.

Israël espère que les discussions avec les Egyptiens mèneront «à un accord sur la question de la contrebande d'armes qui créerait les conditions permettant de mettre fin à l'opération militaire à Gaza».

Le Hamas a fait part de ses «réserves», jugeant que le plan ne devait pas être considéré comme «à prendre ou à laisser».

A New York, les ministres des Affaires étrangères américain, français et britannique ont décidé de prolonger leur séjour pour tenter de débloquer au Conseil de sécurité de l'ONU les tractations avec leurs collègues arabes sur la crise à Gaza.

A la suite de l'initiative égyptienne, Israël a interrompu ses bombardements sur Gaza-ville mercredi pour trois heures «pour des raisons humanitaires». Le Hamas a cessé ses tirs de roquettes durant cette brève accalmie.

Les habitants de la ville, paralysée par 12 jours de raids, en ont profité pour se ravitailler, alors que selon l'armée israélienne, 78 camions d'aide humanitaire sont entrés dans le territoire.

Les agences humanitaires ont dénoncé une crise «totale» dans ce territoire pauvre et surpeuplé, qui manque de denrées alimentaires, de carburant, d'eau courante et souffre de coupures d'électricité.

Au lendemain d'une journée sanglante au cours de laquelle une cinquantaine de civils ont été tués par des frappes contre des écoles de l'ONU, les Nations unies ont démenti mercredi des allégations israéliennes faisant état de la présence de combattants dans une des écoles où plus de 40 personnes ont péri.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a qualifié ces attaques de «totalement inacceptables».

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch a réclamé la création d'une commission d'enquête de l'ONU.

Les critiques virulentes se sont multipliées à l'encontre d'Israël. Le rapporteur de l'ONU sur les droits de l'Homme dans les territoires palestiniens, Richard Falk, l'a accusé de commettre «un crime contre l'humanité» à Gaza, estimant que les responsables israéliens devaient être jugés.

Au Vatican, le cardinal Renato Martino, «ministre» de la Justice et de la Paix, a estimé que la bande de Gaza «ressemble de plus en plus à un camp de concentration».

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, Ygal Palmor, a accusé le cardinal d'employer des termes «tirés de la propagande du Hamas».

Israël affirme que son offensive vise à contraindre le Hamas à mettre fin aux attaques à la roquette, qui ont tué quatre Israéliens depuis le 27 décembre. Vingt-deux roquettes ou obus de mortier se sont abattus mercredi sur le sud d'Israël.

L'offensive israélienne a coûté la vie à au moins 704 Palestiniens, dont 220 enfants, et fait quelque 3 100 blessés en 12 jours, selon un bilan des services d'urgence palestiniens.

Mercredi, au moins 23 Palestiniens dont neuf enfants ont été tués, selon ces sources.