Après l'horreur, l'espoir. Une école de l'ONU a été bombardée par l'armée israélienne hier, faisant entre 30 et 43 morts. Israël a répliqué aux critiques en affirmant que des tirs de mortier palestiniens en provenaient, soulevant la possibilité que le Hamas se serve des civils comme boucliers. Puis, au milieu de la nuit, les efforts du président français Nicolas Sarkozy ont semblé porter leurs fruits quand l'Égypte a annoncé sa volonté de renforcer sa frontière avec Gaza pour enrayer la contrebande d'armes.

La fin de cette contrebande est l'un des deux objectifs israéliens, avec la fin des tirs de roquettes du Hamas. Le premier ministre israélien Ehoud Olmert a semblé accueillir favorablement la proposition égyptienne, annonçant immédiatement après l'ouverture de couloirs humanitaires sous le contrôle de l'armée israélienne, Tsahal, pour que les habitants de Gaza puissent recevoir des vivres et des médicaments.

 

Le ministère palestinien de la Santé estime que 660 personnes, dont 195 enfants, sont mortes depuis le début de l'offensive israélienne il y a 11 jours. Neuf Israéliens ont été tués, dont quatre par les tirs de roquettes du Hamas, qui se sont poursuivis hier. Des soldats israéliens ont été tués par un obus d'un de leurs propres tanks.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui se rendra en Israël la semaine prochaine, a qualifié de «totalement inacceptables» les attaques contre les écoles, dont les emplacements «avaient été communiqués aux autorités israéliennes».

Depuis plusieurs jours, les agences onusiennes et les organisations humanitaires ont dénoncé une crise humanitaire «totale» dans la bande de Gaza, un territoire pauvre et surpeuplé, où la population est prise au piège sans possibilité de fuir alors que l'aide d'urgence est entravée par les combats incessants et les hôpitaux débordés. L'ONG israélienne Physicians for Human Rights a affirmé hier que des équipes médicales venant en aide à des blessés dans la bande de Gaza avaient été attaquées par l'armée israélienne.

L'école, qui a été touchée par des obus de chars, était peuplée de réfugiés, selon le Hamas. Deux autres écoles ont été bombardées pendant la journée par Tsahal, qui a mis en ligne sur YouTube, il y a quatre jours, une vidéo de 2007 montrant des soldats du Hamas en train de tirer des obus de mortier du parvis d'une autre école de l'ONU.

L'annonce du président égyptien Hosni Moubarak suit plusieurs rencontres du président Sarkozy, qui a fait monter les enchères en fin de journée en déclarant ne pas souhaiter de résolution hâtive du Conseil de sécurité de l'ONU. La France préside le Conseil, qui s'est réuni à deux reprises depuis le début des hostilités sans pouvoir s'entendre sur une résolution, notamment à cause de l'opposition des États-Unis.

«L'Égypte invite les Israéliens et les Palestiniens à une réunion urgente» pour négocier des accords et garanties sur la bande de Gaza, a dit le président Moubarak. Les garanties devraient inclure «la sécurisation des frontières», ce qu'exige Israël, «l'ouverture des points de passage frontaliers et la levée du siège» dans la bande de Gaza, comme le réclament les Palestiniens. Le raïs égyptien, critiqué par les radicaux du monde arabe, a aussi proposé de reprendre le processus avorté de réconciliation palestinienne entre le Fatah du président Mahmoud Abbas, et le mouvement islamiste Hamas.

Le Danemark a indiqué être prêt à envoyer des policiers patrouiller à la frontière entre Gaza et l'Égypte, qui fait 14 kilomètres, et où des centaines de tunnels sont voués à la contrebande d'armes.

En plus de mener des combats de rues intenses dans le nord de Gaza, Tsahal a entamé hier un mouvement vers Khan Younes, la ville principale du sud de Gaza, à la recherche de caches de roquettes.

Pendant que les présidents français et égyptien se rencontraient à Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, une délégation du Hamas renouait au Caire un difficile dialogue avec les Égyptiens, à leur invitation, après un échange d'âpres accusations. Le chef de la diplomatie égyptienne Ahmad Aboul Gheit avait accusé le Hamas d'avoir offert sur «un plateau doré» à Israël le prétexte d'intervenir en dénonçant la trêve en vigueur jusqu'au 19 décembre et lançant des volées de roquettes. Au début de l'opération israélienne, fin décembre, le Hamas a accusé l'Égypte de verrouiller le terminal de Rafah «sous de faux prétextes».

 

Pourquoi «plomb durci»?

L'opération militaire israélienne à Gaza s'appelle «Plomb durci», ou «Plomb fondu». Ce nom est tiré d'une comptine composée pour Hanoukkah par le poète juif ukrainien Haïm Nahman Bialik, qui a vécu au début du XXe siècle. La comptine évoque une «toupie de plomb durci» donnée en cadeau par un instituteur. L'offensive a commencé en plein milieu de Hanoukkah.

 

36 Canadiens toujours coincés à Gaza

Le Canada n'a toujours pas pu évacuer ses 36 ressortissants coincés à Gaza, selon le ministère des Affaires étrangères. Israël avait affirmé qu'ils pourraient partir hier, mais le départ a été retardé indéfiniment. Une vingtaine d'autres Canadiens vivant à Gaza n'ont pas manifesté le désir de partir.