Un nombre croissant de civils sont tués dans la bande de Gaza et pris au piège d'une crise humanitaire «totale» tandis que se poursuit l'offensive israélienne, a dénoncé mardi le Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR).

«Je n'ai pas assez de mots pour dire à quel point, au CICR, nous sommes préoccupés et anxieux en raison de la crise à Gaza», a déclaré devant la presse Pierre Kraehenbuehl, le directeur des opérations de l'organisation humanitaire basée à Genève.«Nous sommes extrêmement préoccupés par le nombre croissant des civils tués et blessés, et par le nombre croissant d'infrastructures civiles, dont des hôpitaux, affectées par les opérations militaires israéliennes», a-t-il ajouté.

«Il est absolument essentiel à présent que les parties au conflit fassent tout pour que les civils ne soient pas dans la ligne de feu», a demandé M. Kraehenbuehl jugeant «clairement intolérable» la situation des civils.

«Il n'y a pas de doute pour moi que nous avons affaire à une crise totale et importante en termes humanitaires. La situation pour la population de Gaza est traumatisante et a atteint un point extrême à cause de dix jours de combats ininterrompus», a insisté le responsable des opérations du CICR.

Les personnels du CICR à Gaza ont décrit la nuit passée comme «la plus effrayante jusqu'ici» alors qu'ils s'entassaient dans des refuges précaires en craignant d'être frappés par les bombardements.

Bien que les accès au territoire aient été facilités pour l'acheminement de l'aide, les secours sont confrontés au fait qu'ils ne peuvent parvenir jusqu'aux victimes en raison de l'intensité des combats, a expliqué M. Kraehenbuehl. «Actuellement, le problème c'est de pouvoir se déplacer dans la bande de Gaza», a-t-il dit.

«Nous appelons toutes les parties, et en particulier Israël, à faire davantage pour permettre au Croissant-Rouge palestinien et aux autres travailleurs de la santé de mener leur tâche et de sauver des vies, a insisté le responsable du CICR.

Les services d'urgence sont «proches du point de rupture» et les hôpitaux fonctionnent de manière précaire grâce à des groupes électrogènes, tandis que l'approvisionnement en eau potable d'un demi-million de personnes est menacé, selon l'organisation humanitaire.

Le CICR tentait mardi de confirmer des informations selon lesquelles un centre d'ambulances du Croissant-Rouge avait été frappé durant la nuit à Jabaliyah.

Les attaques contre des civils ou des infrastructures civiles, tout comme les frappes indiscriminées, sont interdites par le droit humanitaire international.

La configuration de la bande de Gaza, une zone très densément peuplée où vivent 1,5 million de personnes, oblige à renforcer encore les précautions à prendre pour respecter ces dispositions en évitant des dommages collatéraux, a insisté le responsable du CICR.

«Cela signifie que lorsque vous intervenez militairement dans une zone densément peuplée comme Gaza, votre responsabilité ne fait qu'augmenter, elle ne diminue pas», a-t-il souligné. Cela s'applique aussi à l'utilisation potentielle à des fins militaires de lieux normalement destinés à un usage civil par les combattants palestiniens, a-t-il ajouté.

Le CICR, qui a treize expatriés et 65 personnels locaux à Gaza, n'est pas en mesure de donner un bilan exhaustif des morts et blessés, a-t-il indiqué.

Plus de 582 Palestiniens ont été tués, dont 159 enfants, et plus de 2.700 ont été blessés, selon des sources médicales à Gaza.