L'administration américaine sortante a salué jeudi comme une «remarquable réussite» l'approbation à Bagdad d'un accord qui laissera a priori trois ans à Barack Obama pour faire rentrer les soldats envoyés en Irak par son prédécesseur George W. Bush.

Le dernier obstacle gouvernemental et législatif à l'entrée en vigueur de cet accord prévoyant le départ de tous les soldats américains d'ici à fin 2011 a été levé jeudi avec l'agrément donné par le Conseil présidentiel irakien.

Pour M. Bush, qui confiait récemment avoir pris ses fonctions sans être «préparé pour la guerre», c'est l'aboutissement de presqu'un an d'efforts, dont le résultat a paru parfois incertain.

Ils visaient à laisser à son successeur les meilleures conditions irakiennes possibles, à défaut d'avoir remporté la victoire longtemps fixée comme l'objectif, malgré plus de cinq ans d'une guerre très contestée.

«Il s'agit d'une remarquable réussite pour nos deux pays», a dit la porte-parole de M. Bush, Dana Perino.

L'accord codifiant la présence militaire américaine après le 31 décembre, ainsi qu'un autre accord, plus large et moins disputé, sur la coopération entre les deux pays, «assoient les relations avec les Etats-Unis sur des bases solides», a-t-elle dit, 47 jours avant que M. Bush ne cède la place à M. Obama.

Bien que M. Bush se soit farouchement opposé pendant des mois à toute date fixe de retrait, Mme Perino a fait valoir que l'accord laissait à M. Obama le temps de se retourner et que la voie était tracée pour un retour des soldats américains.

Les Irakiens «admettent qu'ils ont encore besoin de notre aide pendant un petit moment. Mais nous avons désormais une feuille de route pour aider nos soldats à rentrer à la maison», a-t-elle dit.

M. Bush a appelé le président et le Premier ministre irakiens Jalal Talabani et Nouri al-Maliki pour les remercier, a dit un autre porte-parole, Gordon Johndroe.

L'accord doit entrer en vigueur le 1er janvier. Il doit à présent faire l'objet d'un échange de notes diplomatiques, a dit Mme Perino.

A la différence de l'Irak, il ne doit pas être soumis à l'approbation du Congrès (parlement) américain.

Mme Perino a éludé une question sur l'éventualité d'une quatrième et dernière visite de M. Bush en Irak pour la circonstance, alors que, selon le gouvernement irakien, M. Obama prévoit une visite après son investiture.

M. Bush laisse à M. Obama 146.000 soldats en Irak et de nombreuses inconnues.

Dans une concession à la communauté sunnite, les Irakiens pourraient se prononcer par référendum d'ici au 30 juillet 2009 sur l'accord de sécurité.

Celui-ci pourrait ainsi être remis en cause quelques mois après l'entrée en fonctions de M. Obama.

M. Obama, un des rares opposants de la première heure à une guerre que deux Américains sur trois désapprouvent aujourd'hui selon les sondages, a redit lundi qu'il voulait retirer toutes les brigades de combat américaines d'Irak en 16 mois. Au risque de semer le doute dans l'esprit des anti-guerre qui ont voté pour lui, il a cependant ajouté qu'il écouterait les recommandations des généraux.

Un référendum pourrait le forcer à tenir sa promesse.

La porte-parole de M. Bush a tâché de dissiper les inquiétudes en voyant dans la tenue d'une telle consultation un signe de la souveraineté irakienne recouvrée.

Elle s'est aussi montrée relativement confiante dans le respect de l'accord par la prochaine administration.

M. Obama a annoncé lundi la décision exceptionnelle de maintenir à son poste, d'un gouvernement républicain à un gouvernement démocrate, le secrétaire à la Défense Robert Gates, l'un des visages avec le général David Petraeus du changement tactique opéré par M. Bush fin 2006-début 2007 face à la dégradation irakienne.

Barack Obama a dit confier à M. Gates la mission de «finir la guerre en Irak de façon responsable».