Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé dimanche qu'il convoquerait des élections générales début 2009 si le dialogue avec le mouvement islamiste Hamas devait échouer.

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis son coup de force en juin 2007, a immédiatement refusé l'éventualité de ces élections, rendant leur tenue dans ce territoire improbable. «Nous sommes prêts à poursuivre le dialogue (avec le Hamas) et nous n'épargnerons aucun effort afin que ce dialogue réussisse. Mais s'il ne réussit pas, au début de l'année prochaine, j'appellerai à des élections présidentielle et législatives», a affirmé M. Abbas devant le Conseil central de l'OLP (CCOLP), une instance clef de l'Organisation de libération de la Palestine.

Il a précisé qu'un décret présidentiel serait publié en ce sens, tout en appelant à la tenue d'un nouveau round de négociations avec les islamistes.

L'actuelle législature, dominée par le Hamas, arrive à son terme en janvier 2010 et la loi fondamentale palestinienne (Constitution) n'autorise pas le président à la dissoudre.

M. Abbas n'a pas précisé quels arguments juridiques il allait faire prévaloir pour organiser de nouvelles élections.

«Nous rejetons l'appel à des élections qui est illégal et inconstitutionnel», a affirmé à l'AFP un porte-parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhoum.

«Le mandat du président Abbas s'achève le 9 janvier. La législature est, quant à elle, de quatre ans (et s'achève ainsi en janvier 2010). La loi n'accorde aucune autorité au président sur le Parlement et personne ne peut le dissoudre de manière anticipée», a ajouté un autre porte-parole du Hamas, Taher al-Nounou.

Il a toutefois espéré que le «dialogue réussisse et que la présidence établisse un climat propice, en libérant par exemple les prisonniers (du Hamas) en Cisjordanie».

Le Hamas avait annulé une réunion de réconciliation au Caire, prévue début novembre, en signe de protestation contre les arrestations de ses militants en Cisjordanie par les forces de sécurité palestiniennes.

Laissant la porte ouverte au dialogue, M. Abbas a proposé un document, qui selon lui, devra servir de base de discussions avec le Hamas. Reprenant les grandes lignes d'un document égyptien, il prévoit «la création d'un gouvernement provisoire accepté par toutes les factions et respectant le programme de l'OLP».

L'OLP a reconnu Israël et accepté le principe de deux États israélien et palestinien vivant côte à côte, contrairement au Hamas.

M. Abbas a par ailleurs dressé un constat d'échec des négociations avec Israël et blâmé l'État hébreu de n'avoir respecté aucun de ses engagements auprès de la communauté internationale, en tête desquels un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie.

«Nous ne nous sommes mis d'accord jusqu'à présent sur aucune question. Tous les dossiers restent en discussion», a-t-il affirmé.

«Même si (la secrétaire d'État américaine) Condoleezza Rice ou quelqu'un en son nom a dit, même si (son homologue israélienne) Tzipi Livni ou quelqu'un en son nom a dit, qu'il existait des accords en préparation, cela n'est pas vrai», a-t-il ajouté.

«Tout le monde sait qu'Israël n'a cessé à aucun moment la colonisation, la construction du mur, les agressions et refuse d'ouvrir des institutions (palestiniennes) à Jérusalem», a-t-il indiqué.

Ces critiques interviennent à la veille d'une rencontre à Washington entre le premier ministre israélien de transition Ehud Olmert et le président américain sortant, George W. Bush qui passera la main au président élu Barak Obama le 20 janvier.