Le président israélien Shimon Peres a ouvert lundi la voie à des élections anticipées dont les enjeux vont tourner autour du dossier crucial des négociations de paix avec les Palestiniens.

Admettant l'échec des tractations pour la formation d'un gouvernement, M. Peres a indiqué dans une lettre à la présidence de la Knesset, le parlement israélien, qu'après avoir consulté tous les représentants des partis il ne voyait «pas de possibilités de former un gouvernement».

Selon la législation israélienne, à moins que les députés ne parviennent à s'entendre dans les trois prochaines semaines à compter de ce lundi sur une date du scrutin, le parlement décidera de sa propre dissolution et les élections se tiendront 90 jours plus tard.

Dimanche, la chef du parti centriste Kadima au pouvoir, Tzipi Livni, a donné le coup d'envoi de la campagne électorale en appelant à la tenue d'élections anticipées «le plus vite possible» après avoir échoué à former une coalition gouvernementale.

«Dans les prochains jours, Israël va entamer une campagne électorale cruciale», a déclaré M. Peres à l'ouverture de la session d'hiver de la Knesset.

Il a énoncé les enjeux de cette campagne, à commencer par les questions de sécurité, le conflit israélo-palestinien, la situation économique et les problèmes sociaux.

Ces thèmes ont d'ores et déjà été repris par les trois principales formations en lice, le Kadima, le Likoud (opposition de droite) et les Travaillistes (centre gauche), dans les grands axes de leur programme.

Dans ce contexte électoral et à quelques jours de la présidentielle américaine du 4 novembre, l'administration de George W. Bush a fait valoir qu'elle poursuivrait jusqu'au bout ses efforts pour un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens.

«Nous restons résolus à tenir les engagements pris au cours du processus d'Annapolis que nous avons conçu l'an dernier et qui aidera Palestiniens et Israéliens à définir un État palestinien, et nous continuerons à travailler tous les jours pour atteindre cet objectif», a dit la porte-parole de la Maison-Blanche.

De son côté, le premier ministre palestinien Salam Fayyad a averti qu'un règlement du conflit basé sur deux États «vacillait» en raison de la colonisation juive en Cisjordanie occupée et à Jérusalem annexée.

Mme Livni, ministre des Affaires étrangères qui a été directement impliquée dans les négociations avec les Palestiniens, a laissé entendre qu'elle souhaitait continuer sur la ligne du premier ministre sortant Ehud Olmert qui restera à la tête d'un gouvernement de transition jusqu'aux élections qui doivent se tenir au plus tard en février.

Elle a ainsi renoncé au rêve d'un «Grand Israël» englobant la Cisjordanie. Elle accepte ainsi le principe d'un compromis territorial et la constitution d'un État palestinien indépendant au côté d'Israël, à condition surtout qu'Israël garde ses blocs de colonies.

En face, le Likoud de l'ex-premier ministre Benjamin Netanyahu a repris l'accusation qu'il avait lancée dans le passé -non sans succès- contre les Travaillistes: Livni et son parti seraient prêts malgré leurs démentis à «diviser Jérusalem» et, plus généralement, à brader la Cisjordanie.

Quant aux Travaillistes, membres de la coalition sortante dirigés par le ministre de la Défense Ehud Barak, ils affirment être les seuls à avoir l'expérience nécessaire pour donner la «paix et la sécurité» aux Israéliens.

Mais les sondages prévoient une chute brutale de leur représentation parlementaire et ils cherchent à repousser le plus possible la date du scrutin.

Le Kadima est crédité de 29 mandats (sur un total de 120 députés à la Knesset) et le Likoud de 26, alors que le parti travailliste chute à 11 mandats contre 19 dans la présente législature, selon un sondage publié par le quotidien Yediot Aharonot.