Toute négociation entre les autorités afghanes et les talibans ne pourra se faire que dans le cadre de la Constitution, a répété jeudi le ministre des Affaires étrangères Rangeen Dadfar Spanta, au cours d'une conférence de presse à Kaboul.

«La recherche de la paix passe par des discussions avec l'opposition armée, y compris les talibans, mais il y a des limites qui ne doivent pas être dépassées, et ce sont celles fixées par notre constitution», a affirmé M. Spanta.

Le ministre afghan a tenu ces propos alors que les informations faisant état de négociations directes entre Kaboul et les talibans, sous l'égide de l'Arabie Saoudite et dans la cité sainte de la Mecque, se multipliaient dans la presse.

La Constitution adoptée par l'Afghanistan après le renversement fin 2001 du régime des talibans prévoit l'affirmation des droits de l'homme et de la femme, la liberté d'expression et l'établissement d'un régime démocratique.

«Ces principes ne peuvent en aucun cas être susceptibles d'être remis en cause lors des négociations», a assuré le ministre.

Les autorités afghanes n'ouvriront des négociations qu'avec ceux qui seront prêts à déposer les armes et à participer au processus politique, dans le cadre de la Constitution, a-t-il ajouté.

«En ce qui concerne les pourparlers en Arabie Saoudite, il s'agit d'un forum de discussion entre Afghans», a précisé M. Spanta, tout en laissant entendre que les négociations engagées pendant le mois de Ramadan (septembre) n'avaient débouché sur rien de tangible.

La représentativité des participants aux discussions au nom des talibans a été mise en cause ces dernières semaines.

L'ancien ministre des Affaires étrangères sous le régime taliban, Wakil Ahmad Muttawakil, et l'ancien ambassadeur au Pakistan des talibans Salam Zaeef, ont participé à ces discussions, tandis que le gouvernement afghan était représenté par des responsables religieux, selon M. Spanta.

Mais MM. Muttawakil et Zaeef avaient auparavant expliqué à l'AFP qu'ils ne représentaient plus les talibans et qu'ils étaient même menacés par les insurgés, pour avoir abandonné la lutte armée.

Tous deux avaient été arrêtés peu après le renversement du régime fin 2001, avant d'être qualifiés de «talibans modérés» et libérés.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a confirmé mardi pour la première fois que l'Arabie Saoudite avait aidé à organiser des pourparlers entre Kaboul et les talibans.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.

Les violences en Afghanistan ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan, l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom).