Baïtullah Mehsud, le chef des talibans pakistanais liés à Al-Qaïda, est très gravement malade, peut-être dans le coma, quelque part dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, ont indiqué mercredi des proches et des officiers pakistanais.

 

Certaines télévisions pakistanaises rapportent même que Mehsud, âgé d'une trentaine d'années et commandant du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), est décédé dans la nuit, mais de hauts responsables des forces de sécurité pakistanaises et des commandants du TTP ont assuré qu'il était toujours vivant.

Mehsud et le TTP sont accusés par Islamabad d'être responsables de la vague sans précédent d'attentats suicide qui ont fait près de 1300 morts dans tout le pays en un peu plus d'un an. Près de 80% des kamikazes qui ont pu être identifiés étaient des membres de la tribu des Mehsud, dont Baïtullah est l'un des chefs, dont le fief est le district tribal du Waziristan du Sud, selon les forces de sécurité.

Baïtullah est même formellement accusé par la justice dans l'assassinat de l'ex-premier ministre Benazir Bhutto, le 27 décembre dernier, dans un attentat suicide dans la banlieue d'Islamabad, ce que Mehsud a nié.

«Baïtullah est malade, son état est précaire», a assuré à l'AFP un officier supérieur des services de sécurité pakistanais, sous couvert de l'anonymat. Un de ses pairs a confirmé cette information, assurant qu'il souffrait d'un diabète très avancé.

«Il souffre d'un accès de diabète mais il est sous traitement et il va aller mieux», a assuré à l'AFP au téléphone Rahim Burki, un commandant du TTP proche de Mehsud.

Mais le père d'une femme récemment promise en mariage à ce chef tribal a affirmé à des amis que «Mehsud est dans le coma», a précisé un autre responsable des services de sécurité.

«Baïtullah a besoin d'être soigné deux ou trois fois par semaine et il s'affaiblit», a assuré pour sa part à l'AFP un autre commandant du TTP, qui se fait appeler Razaq.

Des officiers et des responsables talibans pakistanais ont indiqué cependant qu'une «guerre de succession» faisait rage au sein du TTP, une fédération d'une trentaine de groupes armés fondamentalistes, dans la perspective d'une mort prochaine de Mehsud.

Les États-Unis, dont les troupes basées en Afghanistan multiplient les tirs de missiles et même les incursions dans les zones tribales pakistanaises malgré les protestations d'Islamabad, sont convaincus que les talibans afghans et Al-Qaeda y ont reconstitué leurs forces dans des bases arrières, grâce au soutien des talibans pakistanais.

Les experts en la matière estiment que les zones tribales pakistanaises, qui longent la frontière afghan extrêmement poreuse, sont devenues le «nouveau front de la guerre contre le terrorisme».