(Moscou) Le Kremlin a affirmé mardi qu’il ferait « tout » pour que cessent les frappes ukrainiennes sur la ville russe de Belgorod, visée par Kyiv depuis que la Russie effectue à nouveau des bombardements d’ampleur en Ukraine.

Les autorités russes ont déclaré dans la journée qu’une femme avait été tuée par un bombardement ukrainien dans la région frontalière de Koursk, tandis que trois autres personnes ont été blessées dans une nouvelle attaque de drones dans la région d’Oriol.

« Notre armée continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour réduire au maximum le danger dans un premier temps, puis pour l’éliminer complètement », a assuré le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, au sujet des attaques sur le sol russe.

Il a accusé Kyiv de viser délibérément « des civils » sur le sol russe à l’aide d’équipements militaires fournis par les Occidentaux.

Ces propos interviennent après une dizaine de jours marqués en Russie par la multiplication des attaques ukrainiennes sur Belgorod, une ville de 335 000 habitants située à moins de 40 km de la frontière avec l’Ukraine.

Au lendemain d’un bombardement massif de l’Ukraine le 29 décembre qui a fait des dizaines de morts, Belgorod avait été la cible d’une frappe ayant fait 25 morts, l’attaque ukrainienne la plus meurtrière contre des civils sur le sol russe depuis le 24 février 2022, date du déclenchement de l’offensive russe en Ukraine.

En représailles, Vladimir Poutine avait dit vouloir « intensifier » les frappes, son armée poursuivant ses raids d’ampleur sur Kyiv et d’autres villes ukrainiennes, à l’instar des 2 et 8 janvier.

Les autorités ukrainiennes ont de leur côté revu à la hausse le bilan de l’attaque russe du 29 décembre sur la capitale, porté à 33 morts, et celui des frappes dans la nuit de dimanche à lundi, désormais de cinq civils tués.

Une femme tuée

Mais signe que l’inquiétude grandit à Belgorod, « environ 300 » personnes ont déjà évacué cette ville selon les autorités régionales, qui ont également repoussé la rentrée scolaire de dix jours, au 19 janvier.

Quant à la municipalité, elle a appelé la population la semaine dernière à sécuriser les fenêtres en prévention de nouveaux bombardements.

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La façade endommagée d’un immeuble d’appartements à Belgorod

Et les attaques ukrainiennes semblent ne pas diminuer en intensité.

Dans le village frontalier de Gornal, dans la région de Koursk, « une femme a été tuée par des éclats d’obus » mardi après-midi, a déclaré le gouverneur Roman Starovoït.

Celui de la région d’Oriol, Andreï Klytchkov, a fait état sur Telegram de « trois blessés légers » dans une attaque ukrainienne de drones sur des installations énergétiques, tandis que le ministère de la Défense a annoncé que les forces russes avaient abattu huit drones au-dessus des régions d’Oriol et de Koursk.

À deux mois de la présidentielle qui doit voir Vladimir Poutine reconduit au pouvoir au moins jusqu’en 2030, le Kremlin veut tout faire pour continuer à donner le sentiment que le conflit avec l’Ukraine n’affecte pas directement le quotidien et la sécurité des Russes.

Dans la même lignée, Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, a assuré mardi comme à son habitude que son armée se trouvait en meilleure position que son adversaire, malgré un front largement gelé depuis l’automne 2022 après une série de retraites russes.

Les troupes russes ont cependant fait échouer la contre-offensive ukrainienne de l’été 2023, ce que le gouvernement russe présente comme une victoire.

« Nous conservons l’initiative stratégique sur toute la ligne de front », a assuré M. Choïgou au cours d’une réunion avec des officiers de haut rang.

Déplacement sur le front est

Son homologue ukrainien, Roustem Oumerov, et le commandant en chef de l’armée Valery Zaloujny ont quant à eux rendu visite à des soldats sur le front est, dans les environs de Koupiansk, d’après le ministère de la Défense.

Ces combattants repoussent « les tentatives d’attaques constantes » des Russes dans la zone, a assuré le ministère sur Telegram, sans préciser la date de ce déplacement.

Reste que depuis l’échec de la contre-offensive ukrainienne, le ton est beaucoup plus optimiste à Moscou, malgré d’importantes pertes sur le terrain, chiffrées par les États-Unis à 315 000 militaires blessés ou tués en moins de deux ans.

De son côté, l’Ukraine doit faire face au sein de sa société à un débat sur une éventuelle mobilisation de centaines de milliers d’hommes pour renforcer ses positions et remplacer les morts et les vétérans épuisés après bientôt deux ans d’un conflit de forte intensité.

Kyiv, qui réclame toujours plus de systèmes de défense antiaérienne pour contrer les attaques russes, s’inquiète à haute voix de l’effritement du soutien occidental, sur fond de dissensions politiques au sein de l’Union européenne et aux États-Unis.