Un hélicoptère, un commando armé, équipé et surtout bien renseigné : il n'aura fallu que « quelques minutes » au braqueur français récidiviste Redoine Faïd pour se faire une nouvelle fois la belle, dimanche depuis la prison de Réau près de Paris.

Le baptême de l'air devient prise d'otage

Dimanche matin, deux hommes arrivent sur un aérodrome de Lognes, dans le département de la Seine-et-Marne où est située la prison, pour un baptême de l'air qu'ils ont réservé quinze jours plus tôt.

Munis d'armes de poing, ils prennent en otage le pilote et l'obligent à voler jusqu'à Melun, à une trentaine de kilomètres au sud. Là, ils récupèrent un troisième complice, cagoulé, avant de s'envoler pour la maison d'arrêt de Réau, à une dizaine de kilomètres, explique une source proche de l'enquête.

Vers 11h locales, Pamela, 33 ans, qui habite à quelques kilomètres de la prison, voit « un hélicoptère passer au-dessus de (sa) tête ». « Il volait vachement bas, ça m'a étonné », raconte-t-elle à l'AFP.

À l'intérieur de la maison d'arrêt, des détenus sont au parloir. Parmi eux, Rédoine Faïd, 46 ans, braqueur récidiviste qui s'était déjà évadé d'une autre prison en 2013. Détenu ultra-surveillé, il a été amené dans le box par deux surveillants. Il est seul avec son visiteur, son frère.

À la prison, fumigènes, disqueuses et fusils d'assaut

11h28 locales : l'hélicoptère, un Alouette II beige, « ne se pose pas vraiment, mais reste en léger survol » au-dessus de la cour d'honneur de la prison, dépourvue de filins de protection, détaillera plus tard, lors d'une visite sur place, la ministre de la Justice Nicole Belloubet.

Le « commando très bien préparé » avait « sans doute repéré les lieux par le biais de drones », précise-t-elle. Les miradors où se trouvent les gardiens armés n'ont pas de vue sur la cour d'honneur, souligne le représentant local du syndicat FO-Pénitentiaire, Martial Delabroye.

Deux des complices descendent de l'hélicoptère, un troisième reste avec le pilote. Les deux hommes portent « des cagoules et des brassards de police », sont équipés de « fusil d'assaut de type kalachnikov » et de disqueuses, raconte à l'AFP Martial Delabroye.

Ils lâchent des fumigènes dans la cour, scient une porte à la disqueuse et prennent « un petit chemin d'intervention qui n'est normalement emprunté que par les surveillants », selon lui. De là, « il n'y a qu'une dizaine de mètres entre la cour et les parloirs ».

Les surveillants, non armés, se mettent à l'abri et donnent l'alerte. Pendant ce temps, les deux hommes « scient le pêne de la porte avec une meuleuse et vont chercher Redoine Faïd », racontera Nicole Belloubet. Le groupe repart en hélicoptère, sans faire de blessé.

La traque commence

Un peu plus tard, l'Alouette II est retrouvée à Gonesse à une soixantaine de kilomètres au nord de la prison. À cet endroit, un quatrième complice attend l'équipe au volant d'une Renault Mégane noire.

Après avoir roué de coups le pilote qu'ils abandonnent en état de choc, les hommes tentent d'incendier l'hélicoptère à l'aide d'un cocktail Molotov.

Ils prennent la fuite, puis abandonnent leur voiture dans le stationnement du centre commercial O'Parinor d'Aulnay-sous-bois, au nord de Paris, à deux pas de l'autoroute A1, pour un autre véhicule.

Quelque 2900 policiers et gendarmes sont alors mobilisés, un signalement diffusé sur l'ensemble du territoire. La Police aux frontières resserre les contrôles. Lundi matin, Redoine Faïd, homme le plus recherché de France, est toujours en cavale.

Son frère a été placé en garde à vue. Le pilote de l'hélicoptère a été emmené à l'hôpital. Nicole Belloubet a lancé une « inspection » qui « dira s'il y a eu une défaillance en termes de sécurité active ou passive » dans l'établissement.