Le premier ministre géorgien Irakli Garibachvili, critiqué pour sa gestion de l'économie à moins d'un an d'élections législatives, a annoncé mercredi sa démission après deux ans à son poste.

Après des années de rapide croissance accompagnant le tournant pro-occidental de 2003, l'économie de cette ex-république soviétique du Caucase patine et la popularité de la coalition du Rêve géorgien est au plus bas.

«J'ai pris la décision de quitter mon poste», a déclaré, dans un discours retransmis à la télévision, le chef du gouvernement. «Tous les postes sont provisoires, il n'y a que Dieu et la Patrie qui sont éternels», a-t-il ajouté, sans donner plus d'explications sur sa décision.

Le président du Parlement, David Oussoupachvili, a indiqué à la presse que la coalition désignerait un successeur vendredi.

Selon des médias géorgiens, M. Garibachvili pourrait être remplacé par le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Guiorgui Kvirikachvili.

Nommé à son poste en novembre 2013, Irakli Garibachvili, aujourd'hui âgé de 33 ans, était devenu à l'époque le plus jeune chef de gouvernement en Europe et ses détracteurs l'ont parfois critiqué pour son manque d'expérience.

Presque totalement inconnu jusqu'à sa nomination au poste de ministre de l'Intérieur en octobre 2012, M. Garibachvili a été considéré comme un proche allié --voire une marionnette-- du milliardaire et ancien Premier ministre Bidzina Ivanichvili. Ce dernier, à la tête de la coalition Rêve géorgien, a remporté la même année les élections législatives en Géorgie en mettant fin à la domination du parti Mouvement national unifié de l'ex-président Mikheïl Saakachvili.

Diplômé de la Sorbonne à Paris où il a étudié les relations internationales, Irakli Garibachvili avait notamment dirigé la fondation caritative du milliardaire et travaillé dans sa banque, ainsi que pour la maison de disques de son fils, un chanteur de rap.

«Crise catastrophique»

Selon des opposants géorgiens, la démission de M. Garibachvili pourrait s'inscrire dans le cadre des efforts de la coalition au pouvoir en vue d'enrayer la forte baisse de sa popularité sur fond de crise économique en vue des élections législatives d'octobre 2016.

«Le Rêve géorgien cherche à remplacer Garibachvili parce que sa cote de popularité chute drastiquement», a déclaré aux journalistes un député du parti d'opposition Démocrates libres, Irakli Tchikovani.

Avant l'officialisation de la démission du premier ministre, le dirigeant du parti Mouvement national unifié, Guiga Bokeria, avait jugé «logique» cette possibilité: «Le pays traverse une crise économique catastrophique».

Début décembre, le Fonds monétaire international a évalué la croissance du produit intérieur brut à 2,5% cette année, et dit prévoir 3% en 2016.

Ces performances semblent bien pâles face aux besoins de modernisation du pays et surtout comparées aux années de rapide expansion qui ont accompagné les réformes libérales réalisées par le pro-occidental Mikheïl Saakachvili.

Porté au pouvoir par la Révolution de la rose en 2003, ce dernier exerce désormais des responsabilités en Ukraine, où il est gouverneur de la région d'Odessa (sud), et a été récemment déchu de sa nationalité géorgienne.

Depuis son départ, l'économie a eu tendance à s'essouffler et ces derniers mois, le coup de frein économique s'est accentué et la monnaie géorgienne s'est dépréciée en raison de la récession qui frappe la Russie, toujours un important partenaire commercial et où vit une grande diaspora géorgienne.

Les détracteurs de M. Garibachvili ont souvent critiqué sa nomination, affirmant qu'il n'avait pas suffisamment d'expérience pour diriger le gouvernement et n'était qu'une marionnette de M. Ivanichvili.

Nombre d'observateurs estiment à cet égard que ce dernier continue de tirer les ficelles depuis son départ du pouvoir.