L'extrême droite en Europe, qui gagne en importance sur fond de crise économique, voit une autre femme émerger de ses rangs pour prendre la tête d'une formation autrefois contrôlée par son père.

L'héritière de Jörg Haider

Le controversé politicien autrichien, mort en 2008 dans un accident de voiture, avait réussi lors des élections de 1999 à obtenir un cinquième des voix pour sa formation, le FPÖ. Ce dernier était alors devenu partie intégrante du gouvernement au côté du principal parti de centre droit du pays, suscitant une importante levée de boucliers à l'échelle européenne et internationale. Jörg Haider avait quitté son parti cinq ans plus tard pour créer le BZÖ, qui se retrouve aujourd'hui au plus bas. L'aînée du défunt politicien, Ulrike Haider, vient de créer la surprise cette semaine en annonçant qu'elle entendait prendre le relais de son père et se présenter comme tête de liste du BZÖ lors des prochaines élections européennes. La femme de 37 ans, qui dit avoir la politique «dans le sang», veut défendre l'héritage de son père. Elle aura fort à faire face au FPÖ, mené par un ancien prothésiste dentaire de 44 ans, Heinz Christian Strache, qui est arrivé en troisième place des dernières élections législatives avec 20,5% des voix, loin devant le BZÖ.

Sur les traces de Marine Le Pen

Ulrike Haider n'est pas la première femme politique à vouloir marcher dans les pas de son père parmi les partis positionnés à l'extrême droite de l'échiquier politique. Le cas le plus connu est sans conteste celui de Marine Le Pen, qui a pris le relais il y a quelques années du Front national français. La politicienne a entrepris de changer l'image du parti en écartant les militants les plus radicaux tout en lissant son message de manière à favoriser une plus grande exposition médiatique. Elle a notamment exclu de son discours les saillies antisémites de son père, Jean-Marie, qui a été condamné à plusieurs reprises devant les tribunaux pour incitation à la haine. Marine Le Pen continue néanmoins à s'en prendre vigoureusement à l'immigration en évoquant, avec insistance, la menace que l'islam fait peser, selon elle, sur le caractère laïque de la France. Elle fustige parallèlement les deux grands partis du pays, le Parti socialiste à gauche et l'UMP à droite, les présentant comme deux incarnations d'une même élite indifférente au sort de la population. Une stratégie qui lui vaut aujourd'hui de caracoler en tête des intentions de vote pour les prochaines élections européennes.

Vers la création d'un bloc paneuropéen

La crise économique qui a secoué le continent européen au cours des dernières années constitue un terreau fertile pour les formations d'extrême droite, qui ne manquent pas une occasion de fustiger les efforts centralisateurs de l'Union européenne et la menace que fait supposément peser l'organisation sur la souveraineté nationale. Les dirigeants de six formations, dont le FPÖ de Heinz Christian Strache et le Front national de Marine Le Pen, figurent parmi les membres de la coalition qui aspire à devenir la «troisième force» au Parlement européen à la suite des élections prévues en mai. Elle compte aussi dans ses rangs la Ligue du Nord italienne, les démocrates suédois, le Vlaams Belang belge et le SNS slovaque. Des discussions ont aussi été menées avec le parti néerlandais PVV, de Geert Wilders, qui s'est surtout fait connaître par ses virulentes sorties contre l'islam. Les membres de l'alliance espèrent obtenir 25 députés provenant de sept pays distincts pour atteindre le quorum requis pour former un groupe parlementaire en bonne et due forme.