Le premier «service au volant» (drive-in) du sexe en Suisse va ouvrir ses portes lundi soir dans un quartier industriel de Zurich, pour mieux canaliser la prostitution, sans que l'on sache s'il sera adopté ou non par les prostituées.

«C'est la principale inconnue, on ne sait pas si les prostituées vont venir ou pas», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police de Zurich, qui surveille l'événement.

Jusqu'alors, les prostituées à Zurich pouvaient travailler sur trois sites, et l'un d'eux a été supprimé au profit du drive-in, réservé aux seuls clients pouvant venir en voiture. Les clients piétons sont en effet persona non grata.

Les prostituées, qui se rendaient habituellement à Sihlquai, au centre de Zurich, désormais interdit, sont une centaine, a indiqué le porte-parole.

Si elles ne veulent pas aller au drive-in, où elles bénéficient d'une certaine protection, de par la présence sur place d'une association d'aide, elles peuvent toujours aller exercer leur métier dans deux autres sites de Zurich.

Il n'y a pas de statistiques globales sur le nombre de prostituées à Zurich.

Cependant, en 2012, 1200 nouvelles prostituées, venant principalement des pays de l'Est, sont venues s'enregistrer dans les services ad hoc de la ville.

Samedi dernier, deux jours avant la mise en service officielle de ce drive-in, la ville de Zurich a organisé une journée d'information pour les habitants.

Pendant quelques heures, intéressés et curieux ont pu déambuler sur le site, et découvrir les neuf «sexboxes», mis à disposition des clients et des prostituées.

Ce sont des espèces de garages, qui ressemblent aux stations de lavage pour voitures.

Le site est réservé aux clients, qui devront impérativement être seuls à bord de leur véhicule pour passer la grille.

La ville de Zurich a fait preuve de pragmatisme, pour traiter ce problème. Selon Michael Herzig, directeur des services sociaux chargé des questions de prostitution à Zurich, «la prostitution c'est du business. Nous ne pouvons pas l'interdire, alors nous voulons la contrôler en faveur des travailleuses du sexe et de la population».

Et d'ajouter que si la ville ne contrôle pas cette activité, elle tombera dans les mains «du crime organisé».

L'association zurichoise Flora Dora, qui soutient les prostituées, sera présente sur les lieux tous les soirs, jusqu'à la fermeture.

Plusieurs prostituées ont cependant émis des réserves, selon le journal gratuit 20Minuten, qui les a interrogées. Les prostituées estiment notamment que le site étroitement contrôlé risque d'intimider leurs clients.

Les sexboxes ont été approuvées par un référendum communal en mars 2012.

Les travaux ont coûté 2,1 millions de francs suisses (environ 2,2 millions de dollars) et ses coûts de fonctionnement devraient s'élever à environ 700 000 francs suisses (environ 797 000 $) par an.