François Hollande a tenté de calmer lundi la polémique entre son gouvernement et Gérard Depardieu en refusant de «blâmer» le choix de l'acteur de s'exiler fiscalement en Belgique tout en saluant «ceux qui acceptent de payer leurs impôts en France».                

Le président français a tancé implicitement les membres du gouvernement qui ont critiqué Depardieu : «Moi, plutôt que de blâmer, je veux saluer ceux qui acceptent de payer leurs impôts en France».

Mais il a également reconnu que le premier ministre Jean-Marc Ayrault avait «eu raison» de critiquer l'acteur. «Après, il y a les mots qui doivent être utilisés», a-t-il dit, en référence au fameux mot de «minable» qui a fait sortir de ses gonds le très sanguin Depardieu.

«Je ne demande pas à être approuvé, je pourrais au moins être respecté!», avait lancé dimanche dans sa lettre ouverte l'acteur au premier ministre qui avait jugé mercredi dernier l'exil fiscal de l'acteur «assez minable» dans un village belge frontalier de la France.

«Je n'ai pas traité de minable M. Depardieu», a répliqué M. Ayrault, «j'ai dit que ça avait un côté minable effectivement» d'établir sa résidence en Belgique pour payer moins d'impôts.

«J'ai dit aussi que Gérard Depardieu était un grand artiste, aimé par les Français à ce titre. Dans cette même intervention, j'ai parlé de solidarité citoyenne et de patriotisme, payer ses impôts lorsque des efforts doivent être faits c'est l'affaire de tous les Français», a-t-il ajouté.

M. Ayrault a lancé cette tentative d'apaisement au moment même où l'opposition de droite profitait de l'affaire pour lancer une attaque en règle contre le gouvernement.

«Lynchage honteux»

François Hollande est «en train de mettre notre pays par terre» par un «matraquage fiscal», a dénoncé le président proclamé, mais contesté de l'UMP (droite) Jean-François Copé, accusant le gouvernement de «piétiner les talents, les artistes, les créateurs, les chercheurs, les entrepreneurs».

Valérie Pécresse, ex-ministre UMP du Budget, a estimé que «plutôt que de s'ériger en procureur, le gouvernement ferait mieux de faire son autocritique fiscale», estimant que «la cote d'alerte fiscale (était) dépassée».

Le sénateur socialiste David Assouline a fini par trouver «scandaleux» que la droite «justifie et encourage l'exil fiscal».

Quelques personnalités sont quand même venues au secours de Depardieu : «Est-ce que vous avez interrogé quelqu'un lorsque (l'acteur) Alain Delon est parti, quand (le tennisman) Guy Forget est parti, quand toutes ces stars sont parties?», s'est indigné Louis Nicollin, président du club de football de Montpellier et ami de l'acteur.

Le réalisateur Claude Lelouch a dénoncé un «lynchage honteux», même si le départ de Depardieu «peut être considéré comme une insulte à la misère».

L'acteur a «pris un risque énorme avec son capital principal qui est son public», a-t-il ajouté.

Depardieu pourra vérifier sa popularité avec la sortie en France le 26 décembre de L'homme qui rit, tiré du roman de Victor Hugo, dans lequel il campe un forain accueillant dans sa modeste roulotte deux orphelins rejetés par tous, un film sur l'incompatibilité de deux mondes : celui des riches et celui des pauvres.