Le Somalien de 29 ans jugé pour avoir tenté d'assassiner il y a un an l'auteur danois de caricatures de Mahomet a expliqué mercredi qu'il voulait juste «effrayer, mais pas tuer» le dessinateur Kurt Westergaard, au premier jour de son procès à Aarhus.

«J'étais irrité et frustré par ses déclarations. Je voulais l'effrayer, mais pas le tuer», a-t-il dit aux jurés en danois et d'une voix calme.

Mohamed Geele est poursuivi pour «tentative de terrorisme, tentative de meurtre et de violences graves à l'encontre d'un policier dans l'exercice de ses fonctions ainsi que détention illégale d'armes», selon l'acte d'accusation présenté à l'audience.

«Mon client reconnaît uniquement la détention d'armes blanches et l'intrusion dans la propriété d'autrui», a déclaré son avocat, Me Niels Strauss.

Mohamed Geele, qui selon les services de renseignement danois est proche des shebab (islamistes somaliens) et de responsables du réseau Al-Qaïda en Afrique de l'Est, est apparu comme un homme posé, vêtu à l'occidentale, portant pull noir, jeans et lunettes, traînant sa jambe droite à laquelle il a été blessé la nuit des faits.

Il s'est décrit comme «un musulman qui suit les préceptes de l'islam, qui prie et qui va à la mosquée».

Dans la soirée du 1er janvier 2010, ce Somalien arrivé au Danemark en 1996, avait fait irruption dans la maison du caricaturiste, armé d'une hache et d'un couteau, en criant qu'il voulait le tuer parce qu'il avait «offensé le prophète et les musulmans», selon le récit fait par le dessinateur à l'AFP.

Kurt Westergaard, 75 ans aujourd'hui, s'était réfugié dans sa salle de bains fortifiée, avant que la police venue à son secours n'arrête le suspect qui le menaçait, peut-on voir sur une vidéo diffusée pendant l'audience. les policiers avaient blessé l'agresseur de deux balles.

Au début de l'audience, le procureur, Mme Kristen Dyrman, a fait écouter l'enregistrement des deux appels téléphoniques d'urgence passés par Kurt Westergaard.

«Il est en train de défoncer la porte ! C'est très violent. Il faut que vous veniez immédiatement», s'écrie le dessinateur. «Il faut que vous veniez maintenant sinon je ne survivrai pas. Il va me tuer!».

Venu de Copenhague en train, puis en taxi jusqu'à la maison du dessinateur à Viby près d'Aarhus, M. Geele «était rasé sur la totalité du corps et ses vêtements sentaient fort le parfum», a expliqué la procureur, suggérant un «rituel» pour qui voudrait mourir en martyr.

Une hypothèse rejetée par l'inculpé. «Je me parfume et si je me rase des parties du corps, c'est pour des raisons d'hygiène conformément à l'islam», a-t-il rétorqué. Quant à «mourir en martyr» en se laissant abattre par les policiers, «c'est un non-sens. On ne devient pas martyr comme ça en islam», a-t-il clamé.

Le procureur a également indiqué que la police avait découvert qu'il avait utilisé un ordinateur d'un centre de la Croix-Rouge où il travaillait pour effectuer des recherches sur les haches et pour localiser la maison de Kurt Westergaard près d'Aarhus.

«J'ai acheté la hache pour aider un ami à couper un arbre. Mais je l'ai emportée avec moi a Aarhus car j'étais très en colère contre lui (Westergaard) et je voulais casser sa porte pour lui parler», a déclaré M. Geele à l'audience, précisant qu'il voulait que le caricaturiste cesse de «salir» le prophète et lui-même, en tant que musulman.

Kurt Westergaard, qui doit témoigner jeudi, a été plusieurs fois menacé de mort depuis la publication le 30 septembre 2005 dans son journal, Jyllands-Posten, d'un dessin satirique représentant Mahomet coiffé d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée.

Ce dessin faisait partie de 12 caricatures de Mahomet publiées par le quotidien et qui avaient soulevé de virulentes protestations dans le monde musulman.