La Hongrie du premier ministre conservateur controversé Viktor Orban préside pour six mois l'Union européenne, avec comme principal défi la crise de la zone euro. Difficulté supplémentaire, elle n'en fait pas partie, et Budapest fait face à des critiques pour une loi controversée sur les médias.

Dans son allocution radiotélévisée du Nouvel An, le président Pal Schmitt a souligné la responsabilité de son pays vis-à-vis de l'UE: «À partir du 1er janvier, la Hongrie aura la responsabilité d'améliorer la vie non seulement des Hongrois, mais aussi de centaine de millions de personnes». «La présidence tournante de l'UE est une opportunité énorme pour le pays», a-t-il ajouté.

De son côté, le premier ministre conservateur, Viktor Orban, a affirmé «qu'une présidence hongroise maintenant est une bonne nouvelle pour l'Europe». Sur le site en ligne de l'UE, il a souligné que tous les chefs d'État et de gouvernement rencontrés dans le cadre de la préparation de la présidence hongroise étaient «d'accord avec le concept d'une Europe forte».

À l'arrivée à Budapest, le premier signe visible de la présidence hongroise est deux immenses banderoles à l'aéroport, l'une sur la tour de contrôle, l'autre dans le terminal d'arrivée numéro 1 avec l'inscription: «Bienvenue dans l'Union européenne».

Samedi matin, des affiches sont apparues dans la capitale informant les Hongrois qu'à partir du 1er janvier la Hongrie assumait la présidence de l'UE. Et les spots télévisés se sont multipliés sur les écrans.

La présidence hongroise, drapée du slogan «une Europe forte», sera aussi marquée par le lancement de délicates négociations sur le budget pluriannuel de l'UE (2014-20) et l'intégration des Roms.

Le passage de témoin avec la Belgique intervient à un moment délicat: Budapest fait l'objet de vives critiques pour sa réforme des médias, qualifiée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) de «menace pour la liberté de la presse».

Mais le grand défi de la présidence hongroise reste la crise de la dette en zone euro, marquée par les pays à risque (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne).

Autre sujet polémique: l'élargissement de l'espace de libre circulation Schengen. La Roumanie et la Bulgarie, soutenues par la Hongrie, espèrent le rejoindre en mars 2011, mais la France et l'Allemagne ont décidé de bloquer leur entrée, la jugeant prématurée.

Un des grands rendez-vous de la présidence sera le deuxième sommet du «partenariat oriental», à Budapest en mai, avec la participation prévue du chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton: ce partenariat vise à resserrer les liens de l'UE avec six anciennes républiques de l'URSS (Ukraine, Moldavie, Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie, Belarus) sans toutefois leur proposer une perspective d'adhésion.

Pendant ses six mois, Budapest veut aussi donner de l'élan à l'adhésion de la Croatie à l'UE.

Enfin, l'intégration à l'échelle européenne des Roms, la plus importante minorité ethnique de l'UE (environ 10 millions de personnes) et la plus discriminée, figure parmi les priorités hongroises.

La réelle passation de pouvoir se fera le 7 janvier, avec les dirigeants belges et de la Commission européenne attendus à Budapest le 6 janvier.

La Hongrie, ancien pays du bloc communiste d'Europe de l'Est, a adhéré à l'Union européenne en 2004. Elle sera à la tête de l'UE au premier semestre, succédant à la Belgique, et sera suivie par un autre ancien pays communiste, la Pologne, le 1er juillet 2011.