Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a déclaré vendredi que son pays ne devait plus «s'incliner» devant la Russie et devait «chercher son bonheur» en se rapprochant d'autres partenaires, dans une allusion à l'Union européenne (UE).

«Si cela ne marche pas avec la Russie, ce n'est pas la peine de s'incliner, et ce n'est pas la peine de geindre et de pleurer. Il faut aller chercher son bonheur dans une autre partie du monde», a-t-il dit, selon le service de presse de la présidence bélarusse. M. Loukachenko, longtemps considéré comme un paria en Occident, a entamé un rapprochement avec l'Union européenne ces derniers mois, à la faveur du Partenariat oriental que Bruxelles met en place pour développer ses relations avec six ex-républiques soviétiques, un projet guère apprécié des Russes.

Le chef de l'État s'adressait vendredi à son premier ministre, Sergueï Sidorski, et au chef de la Banque centrale, Piotr Prokopovitch, venus dire à M. Loukachenko «combien les choses se passent mal avec la Russie».

«Cela me force à demander au président russe (Dmitri Medvedev), et au (premier ministre russe Vladimir) Poutine pourquoi ils ne nous écoutent pas», s'est emporté le président du Bélarus.

Cette déclaration intervient au lendemain d'une visite de Vladimir Poutine, qui, selon La Presse russe, a été marquée par des tensions, Moscou n'ayant pas apprécié que Minsk insiste sur la délivrance d'un crédit de 500 millions de dollars en devise américaine et non en roubles.

«500 millions de dollars en roubles, ce n'est pas de l'argent. Le Bélarus n'a pas besoin d'un tel crédit», relevait avec ironie le quotidien indépendant, Kommersant, estimant que cette question avait fait «scandale».

Le journal pro-gouvernemental Izvestia soulignait lui que «l'amour fraternel n'a pas trouvé son équivalent en roubles», alors que Minsk a, au passage, également demandé à Moscou un crédit de neuf milliards de dollars pour construire une centrale nucléaire.

Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, s'est montré très agacé à Minsk jeudi, soulignant que le Bélarus pourrait être en défaut de paiement avant la fin de l'année, une remarque qui lui a valu un rappel à l'ordre de la part de M. Poutine.

La semaine dernière, M. Loukachenko avait déjà vivement critiqué la Russie, regrettant que l'Union russo-bélarusse n'avance pas et estimant que l'attitude de Moscou forçait Minsk à se tourner vers l'Occident.

«Vous voyez comment nos frères russes agissent. Tout ce sur quoi nous nous étions mis d'accord (...), tout cela est bloqué», avait-il lancé.