L'avocat du pasteur américain Andrew Brunson, jugé en Turquie pour activités «terroristes», a appelé à la levée de l'assignation à résidence de son client et à sa libération, a-t-il déclaré lundi à l'AFP.

L'avocat Cem Halavurt a affirmé avoir «fait appel pour que l'assignation à résidence de M. Brunson et son interdiction de quitter le territoire soient levées».

La cour devrait prononcer sa décision sur la question, qui a nettement tendu les relations entre Ankara et Washington, dans les trois prochains jours, précise-t-il.

Le pasteur a été placé en résidence surveillée mercredi dernier, après avoir été incarcéré depuis octobre 2016 en Turquie, où il dirigeait une église protestante.

Dans ce procès, en cours depuis le printemps, il est accusé de terrorisme et d'espionnage pour le compte de deux organisations classées «terroristes» en Turquie, le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, qui vit aux États-Unis, et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le pasteur, qui rejette ces accusations, risque jusqu'à 35 ans de prison.

Cette affaire a largement contribué à la dégradation des relations entre Washington et Ankara.

Le président Donald Trump a lui-même menacé la Turquie de «lourdes sanctions» la semaine dernière si elle ne libérait pas «immédiatement» le pasteur Brunson.

«Vous ne pouvez pas obliger la Turquie à reculer avec des sanctions», a répliqué le président turc Recep Tayyip Erdogan, cité dimanche par le quotidien Hurriyet. «Les États-Unis ne devraient pas oublier qu'ils pourraient perdre un partenaire fort et sincère comme la Turquie s'ils ne changent pas d'attitude», a-t-il ajouté.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu devrait s'entretenir avec le secrétaire d'État américain Mike Pompeo en marge du sommet de l'Asean qui se déroule cette semaine à Singapour, a déclaré à l'AFP un responsable turc.

La Turquie et les États-Unis connaissent de nombreux sujets de dissension, notamment le soutien apporté par Washington à une milice kurde syrienne considérée comme «terroriste» par Ankara, et les demandes turques d'extradition de Fethullah Gülen restées lettre morte.

Par ailleurs, deux employés locaux des missions américaines en Turquie sont actuellement en détention, et un autre est assigné à résidence.