Ils ont enfin pu pousser un soupir de soulagement. Depuis mercredi, ils sont citoyens américains et, pour la plupart, critiques de la vaste opération anti-immigrés clandestins de Donald Trump.

Ils sont 25 000 à avoir obtenu le précieux sésame depuis le 14 février, la semaine du «President's Day», propice aux prestations de serment.

Des sept citoyens interrogés par l'AFP lors de l'une des 162 cérémonies qui se sont tenues à travers tout le pays, cinq ont fait part de leurs réserves sur la nouvelle politique migratoire.

Si elle est appliquée à la lettre, la grande majorité des 11 millions de clandestins aux États-Unis pourraient être expulsés.

«Cela fait vraiment peur», reconnaît Stephany Perez, 25 ans, qui est venue aux États-Unis de Colombie avec sa famille il y a plus de 20 ans. Elle est diplômée en psychologie et vise un master.

Stephany fait partie des 26 personnes de 18 pays différents, dont plus de la moitié d'Amérique centrale et du sud, qui ont prêté allégeance à la Constitution à Jersey City, près de New York.

Depuis la publication mardi des mesures d'application du décret présidentiel sur la lutte contre l'immigration clandestine, la peur a monté d'un cran.

La police fédérale de l'immigration a désormais beaucoup plus de latitude pour arrêter les gens qu'elle soupçonne d'être des clandestins.

Même Stephany Perez, qui pourtant ne tombait pas sous le coup des nouvelles mesures, n'était pas rassurée pour autant et s'inquiète pour ses parents détenteurs d'une carte verte de résidents permanents.

«Honnêtement devenir une citoyenne me donne comme une impression de soulagement», explique Mme Perez. «Personnellement j'ai peur de la direction que nous prenons, parce que je ne sais pas ce qui va arriver».

Le plus beau jour

Le climat créé par la campagne électorale et les attaques continuelles contre les immigrés clandestins du côté républicain ont sans doute poussé nombre d'immigrés légaux à franchir le pas et demander la citoyenneté.

Les demandes entre octobre 2015 et l'été 2016 étaient au plus haut depuis quatre ans, selon un rapport du Pew Research Center publié en septembre.

Comme le veut la tradition, la cérémonie de mercredi a débuté avec l'hymne national et s'est terminée petit drapeau américain en main pour recevoir le certificat de citoyenneté.

Une Péruvienne avait les larmes aux yeux, heureuse de pouvoir célébrer sa naturalisation au restaurant avec ses enfants, 10 ans après son arrivée aux États-Unis, où elle venait rejoindre celui qui est aujourd'hui son ex-mari.

Un peu plus de 40 % de la population de Jersey City est née ailleurs qu'aux États-Unis et plus de la moitié des personnes âgées de 5 ans ou plus parle une langue autre que l'anglais à la maison, selon les chiffres du recensement entre 2011 et 2015.

Injuste

«C'est le plus beau jour de ma vie», lâche Carl Auguste, 47 ans, qui est arrivé bébé avec sa famille de Haïti.

Bien qu'il vive légalement aux États-Unis depuis les années 1970, il a reconnu une boule dans le ventre et même de la peur pendant sa procédure de naturalisation.

«Ce qui a fait de ce pays un grand pays c'est le fait que c'est un endroit où on pouvait venir et faire mieux, on pouvait s'améliorer, donc je ne pense pas que ces portes devraient se fermer», confie-t-il à l'AFP.

Cathy Wang, une comptable de 49 ans, est plus circonspecte et montre moins de sympathie pour ceux qui trichent avec la loi.

Née en Chine et ayant vécu en Thaïlande avant de venir aux États-Unis, elle a payé 10 000 dollars pour avoir la carte verte et elle a dû attendre les cinq années légales avant de pouvoir demander la citoyenneté.

«Je suis très favorable à ce que ça se fasse de façon légale», dit-elle. «Je trouve que c'est un peu injuste que les gens s'amènent et se voient tout offrir sur un plateau et moi je dois attendre 14 ans pour avoir ma carte verte et 19 ans pour devenir citoyenne».