Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a appelé vendredi la Chine à oeuvrer « par tous les moyens » pour « modérer » la Corée du Nord après un nouveau tir de missile, a indiqué un de ses porte-parole.

Lors d'une rencontre avec son homologue chinois Wang Yi, M. Tillerson a souligné le danger croissant que représentent les programmes nord-coréens nucléaires et de missile et a demandé à la Chine d'utiliser tous les moyens disponibles pour « modérer l'attitude déstabilisante de la Corée du Nord », a indiqué Mark Toner.

Il s'agissait de la première entrevue à ce niveau entre l'administration américaine et les autorités chinoises depuis l'entrée en fonction du président Donald Trump. Elle est intervenue en marge d'une réunion du forum du G20 à Bonn en Allemagne.

La veille, le secrétaire d'État américain avait déjà assuré que son pays était « déterminé » à défendre la Corée du Sud et le Japon, y compris avec le recours à la dissuasion nucléaire, face à Pyongyang.

Le missile balistique Pukguksong-2, testé dimanche dernier par la Corée du Nord, a parcouru environ 500 kilomètres avant de retomber dans la mer du Japon.

Le missile a été lancé depuis une rampe mobile et non depuis un site fixe, ce qui en fait une arme plus difficile à contrer pour les États-Unis et leurs alliés.

Selon le porte-parole de M. Tillerson, les deux ministres ont « discuté des efforts pour faire progresser la coopération bilatérale », mais aussi « abordé les points de divergence dans un esprit constructif ».

Parmi ces sujets de friction figure le commerce, les États-Unis reprochant à la Chine par ses exportations de supprimer des emplois sur le territoire américain, et agitant la menace de mesures protectionnistes.

« Les deux parties ont discuté de la nécessité de créer des conditions équitables pour le commerce et les investissements », a dit le porte-parole de M. Tillerson.

La présence du ministre chinois au G20, et plus encore le principe d'une rencontre avec son homologue américain, avaient été mis en doute à la suite du différend entre Pékin et Washington autour de Taïwan depuis l'élection de Donald Trump.

Le président américain s'est dit prêt dans un premier temps à remettre en cause le principe de la « Chine unique », qui proscrit tout contact diplomatique entre des pays étrangers et le frère ennemi taïwanais, considéré par Pékin comme une de ses provinces, avant de faire machine arrière.

Rex Tillerson a aussi provoqué l'ire de Pékin en agitant la menace d'un blocus pour empêcher l'accès du pays à des îles contestées en mer de Chine méridionale. Ce qui pourrait, a dénoncé la presse chinoise, provoquer un « affrontement militaire ».

La Chine appelle à la reprise des pourparlers

La Chine a appelé vendredi à une reprise des négociations à Six avec la Corée du Nord, estimant qu'il fallait briser le cercle vicieux des essais nucléaires et des sanctions.

« Ce qu'on voit aujourd'hui c'est un essai, puis des sanctions, suivies d'un nouvel essai nucléaire suivi de nouvelles sanctions », a dit le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors de la Conférence sur la sécurité de Munich.

« Ce cycle négatif ne doit pas continuer parce que son issue pourrait être quelque chose d'insupportable pour tout le monde. C'est une situation où tout le monde est perdant », a-t-il dit.

M. Wang a insisté sur la nécessaire mise en oeuvre des résolutions de l'ONU, y compris les sanctions, mais que dans le même temps « il ne nous faut pas abandonner la quête d'une reprise des pourparlers ».

« Les États-Unis et la Corée du Nord [...] doivent arriver rapidement à une décision politique », a-t-il dit, « nous appelons toutes les parties à ne plus prendre de mesures qui peuvent générer des tensions ».

La Corée du Nord a quitté en 2009 les négociations à Six (les deux Corées, le Japon, la Russie, la Chine et les États-Unis) sur son programme nucléaire et a conduit peu après son second essai nucléaire.

Washington et ses alliés japonais et sud-coréens considèrent que la reprise des pourparlers doit être précédée de concessions concrètes de Pyongyang.