Accusée de n'avoir pas été assez vigilante, la mère d'un garçonnet tombé dans l'enclos d'un gorille à Cincinnati, que le zoo avait dû tuer pour protéger l'enfant, ne fera pas l'objet de poursuites, a annoncé lundi le procureur.

La mère, qui visitait le zoo de Cincinnati dans l'Ohio le 28 mai avec son petit garçon de 3 ans et ses trois soeurs, «n'a agi en aucun cas de manière à mettre cet enfant en quelconque danger», a expliqué Joseph Deters, procureur du comté d'Hamilton, dont dépend le zoo, lors d'une conférence de presse.

La mère a «été attentive d'après tous les témoignages et l'enfant de 3 ans s'est juste échappé», a-t-il ajouté. «Si personne ne croit qu'un enfant de 3 ans peut s'échapper très rapidement, c'est qu'ils n'ont jamais eu d'enfant».

«Si par exemple (la mère) avait été aux toilettes pour fumer du crack en laissant ses enfants courir dans le zoo, ce serait une autre histoire», a expliqué M. Deters.

Le garçonnet est arrivé dans l'enclos en passant «à travers des buissons», selon le procureur, qui s'est dit étonné que l'enfant, récupéré sain et sauf, ne se soit pas blessé. Il est probablement tombé «à plat sur son dos», a suggéré le procureur.

La famille s'est dite «très satisfaite» de cette décision, qui va lui permettre de «laisser ce tragique épisode derrière (elle)».

Le garçon est tombé dans la fosse remplie d'eau séparant l'enclos du public et les images de l'animal de près de 200 kilos l'observant curieusement avant de le traîner dans l'eau ont fait le tour du monde.

Tout en reconnaissant que le zoo n'avait guère le choix, les commentaires avaient fusé sur l'incident, certains réprouvant la disposition des lieux ou la vigilance des parents quand d'autres ont pris leur défense.

Un gorille «reste un animal»

Le procureur s'est cependant dit «heureux» que le zoo ait «changé la protection qui entoure l'enclos» pour empêcher qu'un drame similaire ne se reproduise.

Mais il a estimé que le gorille, abattu par le zoo au grand dam des défenseurs des animaux, «restait un animal». «Le zoo a perdu un bel animal, et un (animal) que beaucoup de gens dans cette région avaient du plaisir à voir depuis longtemps. Mais cela reste un animal. Ce n'est pas pareil que la vie humaine».

«C'est suffisamment triste qu'on ait éliminé le gorille. Mais cela aurait pu être pire», a insisté le procureur.

Une pétition publiée sur le site change.org, qui avait rassemblé plusieurs centaines de milliers de signatures, réclamait que les parents du garçon «rendent des comptes pour leur manque de surveillance et leur négligence qui ont entraîné la mort de Harambe» le gorille.

Des défenseurs des animaux comme Stop Animal Exploitation Now avaient fustigé les responsables du zoo, jugeant l'enclos du singe inadéquat. L'association Peta avait pour sa part suggéré que le gorille «tentait probablement de protéger (l')enfant».

Le zoo avait justifié sa décision de tuer Harambe en expliquant qu'il n'était pas envisageable d'endormir le gorille avec un tranquillisant, car la flèche aurait pu agiter encore plus l'animal avant que l'anesthésiant ne fasse de l'effet. Et ce processus aurait pris du temps, compte tenu de la taille de l'animal.