Le chef de la majorité républicaine au Sénat américain a répété mardi avec force que l'assemblée ne confirmerait aucun des candidats à la Cour suprême que nommerait le président Barack Obama, laissant envisager une crise institutionnelle durable avec la Maison-Blanche.

«Les présidents ont le droit de nommer, tout comme le Sénat a selon la Constitution le droit de donner ou pas son consentement», a déclaré Mitch McConnell, l'homme fort du Sénat dominé par les républicains.

«En l'espèce le Sénat refusera», a-t-il ajouté, dix jours après le décès du juge conservateur Antonin Scalia dont le remplacement pose un défi majeur à M. Obama. Les juges de la Cour suprême sont nommés à vie.

Cette institution cruciale a souvent le dernier mot dans la vie politique et les grands débats de société en Amérique. Elle a repris lundi ses audiences, à huit juges au lieu de neuf.

«La nomination doit être faite par le président que les gens choisiront dans l'élection en cours», dont le scrutin final aura lieu le 8 novembre, a précisé M. McConnell.

La plus haute instance judiciaire américaine compte désormais quatre juges conservateurs et quatre juges progressistes, faisant planer le risque d'égalité sur ses prochaines décisions.

Si Obama parvenait à nommer un juge progressiste, la Cour pourrait pencher à gauche pour la première fois depuis des décennies, une hypothèse qui hérisse les républicains, convaincus qu'ils vont tourner la page d'un gouvernement démocrate avec l'élection présidentielle.

Les principaux candidats républicains soutiennent aussi que le remplacement du juge Scalia doit être réalisé par le prochain président.

Ils invoquent une «longue tradition» de ne pas nommer un juge de la Cour suprême lors de l'année électorale précédant le départ d'un président, même si l'Histoire montre que quelques nominations ont été réalisées durant cette période sensible.

Barack Obama affiche lui sa détermination à trouver un remplacement à M. Scalia, en appelant les élus du Congrès à la raison plutôt qu'à l'obstruction de principe.

Le président, qui a commencé à étudier des candidats potentiels, pourrait proposer un magistrat aux états de service exemplaires, ayant déjà bénéficié d'une nomination soutenue à la fois par les démocrates et les républicains.

Dans une lettre datée mardi, la Commission des affaires juridiques du Sénat a fait savoir qu'elle n'organiserait «aucune audition d'un candidat nommé à la Cour suprême avant la prestation de serment de notre prochain président le 20 janvier 2017».

Cette intransigeance heurte toutefois deux sénateurs républicains modérés, qui estiment que le Sénat se doit au moins d'entendre le candidat présenté par la Maison-Blanche.