Le rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba a été accueilli mercredi tantôt avec un optimisme modéré, tantôt avec une farouche opposition au sein de la communauté cubaine de Miami.

«C'est bien, c'est un processus logique. Nous avons des relations avec la Chine. Pourquoi ne pas entretenir de bonnes relations avec un voisin?», a relevé Frank Diaz, un habitant du quartier Hialeah, où résident de nombreux Cubains.

Les présidents américain Barack Obama et cubain Raul Castro ont annoncé tour à tour mercredi le rétablissement à compter du 20 juillet de leurs relations diplomatiques, suspendues en 1961.

Devant le Café de Versailles, lieu emblématique de rassemblement des exilés cubains à La Petite Havane de Miami, les réactions différaient. Miami abrite près de la moitié des deux millions de personnes d'origine cubaine installées aux États-Unis.

«C'est une infamie d'avoir des relations avec Cuba la terroriste», a affirmé Miguel Saavedra, membre de l'organisation anticastriste Vigilia Mambisa, brandissant une pancarte «Ambassade américaine à Cuba: infamie».

Pour Emilio Carreno, un Cubain de 58 ans arrivé aux États-Unis en 1969, «c'est un manque de respect à l'égard de la population cubaine».

Mais, à quelques mètres dans le même restaurant, quelques voix saluent la fin de l'isolement de l'île dirigée par un régime communiste depuis plus de 50 ans.

«C'est une nouvelle stratégie, différente, plus intelligente, plus juste et je pense qu'on vient à bout des gouvernements comme celui de Cuba, qui sont une mascarade nuisible, avec logique, communication et sens commun», a relevé Sandor Valdés, 36 ans, dont vingt passés aux États-Unis.

Son frère jumeau Franco a renchéri: «L'embargo a échoué. Aucune doctrine qui a perduré pendant 50 ans sans donner de résultat ne peut être qualifiée de réussite».

Beaucoup s'attendent à ce que cette ouverture améliore la situation des citoyens cubains.

«Le rapprochement va être un processus de long terme, mais c'est une étape critique pour formaliser les relations», a estimé Carlos Saladrigas, président du Cuba Study Group.

À l'inverse, les groupes anticastristes ont vivement critiqué ce nouvel accord historique.

«Installer une ambassade américaine à La Havane sans ouverture en matière de droits de l'homme de la part du régime castriste, légitime tout simplement ce régime, lui donne davantage d'oxygène», a critiqué Orlando Gutiérrez Boronat, du Directorio democratico cubano.